2015 à peine commencée, déjà des sorties
Publié le 12-01-2015 13:34:25 Modifié le 05-04-2019 16:40:17
Chaque semaine, Doc Pilot nous régale d'un compte rendu de ses sorties culturelles.
PNEU CD Destination Qualité
D’abord la pochette, grande claque visuelle à t’emporter direct dans un psychédélisme sans violence, un collage subtil et séduisant, un truc à te donner l’envie d’écouter la bande son de ce joyeux foutoir de couleurs et d’images, et puis les titres des morceaux (Pyramide Banane Chocolat, Catadiope Ambidextre) des associations graphiques dans les mots, l’impression d’un langage codé, l’expression initiée d’un gang de lycéens, de Boris Vian électriques. Alors vient la musique, folle mais vicieusement construite, bruitiste mais subtilement musicale, un brouillage de pistes pour tuer les possibles références : un son. Ce troisième album du duo Pneu me le fait bien, me rend heureux à son écoute, de l’énergie positive, de la performance sans la course à la timbale, de la force et de la joie mais aussi “ une musique contemporaine ”, un couple de créatifs sans frontière à l’expression de leur fécondité débordante. Ça s’écoute en entier et ça se réécoute, c’est hors des modes donc ça va pouvoir s’écouter longtemps ; allez je m’avance un peu sur ce coup là, mais ça sent le futur collectors ; d’ailleurs un disque pareil sera vite épuisé car on voudra tous l’avoir sous sa forme physique.
ROPOPOROSE CD Elephant Love
Groupe OVNI, groupe unique, groupe atypique par le jeune âge du frère et de la sœur, par leur capacité à balancer à deux ce que bien d’autres ont du mal à proposer à dix… Le duo Ropoporose est talentueux, génétiquement brillant, d’une maturité précoce et d’une originalité d’écriture à se poser la question du pourquoi et du comment. Car ici nous ne sommes pas en présence de jeunes musiciens savants exposant leurs leçons bien apprises, mais face à un groupe de rock, tout simplement, face à deux artistes, deux créateurs, deux bâtisseurs d’un univers capable d’embarquer tout un chacun au delà des chapelles et des strates générationnelles. Leur musique n’a pas d’âge, elle est universelle, elle est pop et même si cet album se barre un peu dans tous les sens, la qualité reste de mise, son écoute un plaisir et la sensation d’être au début d’un truc qui pourrait aller plus loin, beaucoup plus loin, évidente. Il s’y mélange la ligne claire et le pastel gras, l’aquarelle et la peinture au couteau, l’art brut à des subtilités impressionnistes. La force de la fratrie laisse supposer un futur fécond ; la rencontre d’un grand producteur pourrait optimiser toutes les qualités de cette aventure. Les gens de Vendôme devraient joindre Brian Eno ; pour le vieux magicien ce serait une belle dernière valse d’ainsi épauler ceux qui feront “ demain ”.
Roots Addict en Arcades Institute
2e acte des Arcades Hivernales avec The Roots Addict, du reggae à la mode seventies comme on l’aime et sans arrangement suspect, simple lecture festive d’un style avec respect et fidélité aux codes, pour nous entraîner dans une grosse fête de la fin de ce dimanche après midi si particulier débuté dans la Grande Marche contre la Bêtise. C’est un groupe, une bande d’amis, une association de personnalités brillantes et justes pour balancer une ambiance de bien-être et de coolitude, grande glissade dans la danse et l’oubli, un décalage du temps vers une douce extase cosmique, un trip fédérateur et multigénérationnel hautement chargé et addictif.
Soirée Wolfpack au Temps Machine
Ouverture avec Les Princes du Rock, groupe tourangeau en relecture d’un rock psyché de la fin des sixties dans la ligne du Floyd de Barret voire de Steppenwolf ou des Byrds, un bel ouvrage extrêmement léché dans les harmonies vocales et les ambiances cosmiques ; le groupe américain Harsh Toke nous a vraiment baladé au-delà de l’espace et du temps, le type de sensations vécues à l’écoute de Hawkwind mais ici au travers de mantras de hard-rock psychédélique, mélange de Grateful dead et de Black Sabbath, de Spirit… A sa suite, Comet Control, le groupe vedette de la soirée, m’inspire de l’ennui à l’écoute de sa musique néonirvanesque. C’est parfait, au cordeau, séducteur dans ses formats de chansons bâties pour plaire… moi ça me ramène au sol, alors je fuis.
Maxime Vignon au Serpent Volant
Ce bar a le charme désuet et hors du temps des premiers films de Caro et Jeunet, l’impression de rentrer dans la réserve d’un 20e siècle oublié, une image d’Epinal des rades du vieux Tours, des îles où rencontrer « des gens vrais »… Aux murs, les créations de Maxime Vignon ; je l’avoue ce n’est pas vraiment ma came car je ne comprends pas où il veut en venir. Difficile de s’y attacher par la technique assez basique, et impossible pour moi de plonger dans cette collection d’impressions et d’émotions exprimées sans concession et visiblement sans désir de plaire. Je pense sentir des problématiques personnelles affichées face au monde et ainsi nous sommes assurément face à une démarche artistique voire une expression générationnelle, un instant de vie, des couleurs chaudes, des paillettes : un art brut ethno glam.
« Exquises Esquisses » à La Boîte Noire
Grand plaisir à déguster avec attention cette exposition, réunion d’artistes haut de gamme chacun en leur styles, les foules surréalistes de Eric Demelis, le fameux Jean-Pierre Conin et ses visions de purgatoire dans les nuages, coterie de « gentils » assemblés pour revivre, les portraits d’une perfection absolue de Remi Planche, les duos de douceur et de paix de Jean-Pierre Loizeau, les afterpunks postatomiques de Franck Charlet, les animaux terribles issus de mutations psychédéliques de Sebastien Thomazo, les scénarios bizarres et graphiquement identifiés de Dominique Spiessert, les jets à plat des tableaux en relief à venir du regretté Didier Becet… Une exposition donnant la part belle à la technique et à l’inventivité, une remise des pendules à l’heure et la force dans le trait ; l’évidence que tout est dit et terminé lors de la naissance du projet, le reste n’étant qu’affaire de pratique.
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