Avec Dalila Azzam, la friperie comme un art de vivre
Publié le 10-01-2024 07:18:34 Modifié le 09-01-2024 10:22:36
#VisMaVille Dalila Azzam a créé la friperie Shop Vintage en 2012, bien avant la vogue actuelle de la seconde main. Une aventure qui lui permet de vivre pleinement sa passion de la mode et des vêtements.
Les journées de Dalila Azzam ne se ressemblent pas. Mais elles ont toutes un point en commun : la passion de la mode et de la fripe. Une fois tous les quinze jours, cette ancienne modéliste pour de grandes marques de vêtements part faire la tournée de ses fournisseurs pour remplir sa petite caverne d’Ali Baba vestimentaire.
Car, chez Shop Vintage, pas de dépôt vente. Les produits proviennent d’une poignée de grossistes en seconde main, triés sur le volet, qui la connaissent depuis longtemps et qui lui proposent des pièces essentiellement fabriquées en France ou en Italie.
« Ils savent ce que je recherche et ils sélectionnent des vêtements pour moi. Ensuite, je choisis les pièces une par une, en fonction de mes goûts et de mes envies. » Elle en revient le coffre plein de perles venues parfois du bout du monde, des basiques bien sûr, mais aussi des vêtements plus décalés qui lui ont accroché l’oeil.
Casser les codes et garder l’esprit atelier, c’est un impératif pour Dalila. Car, avant d’être commerçante, Dalila est une passionnée de beaux vêtements. « Quand je travaillais dans l’habillement, comme beaucoup de modélistes ou de couturières, j’allais souvent m’habiller en friperie. Pour trouver des choses un peu différentes et marquer sa singularité. »
Par ailleurs, la commerçante ne renie pas le côté un peu militant de son entreprise. Il s’agit bien, modestement et à sa mesure, de prendre à rebours la vague de la fast fashion qui a laminé les ateliers de coutures locaux et imposé un style uniforme à toute une génération. Il s’agit, aussi, de proposer aux consommateurs d’aujourd’hui une qualité qui a largement disparu et à des prix raisonnables.
« La fabrication dans les manufactures des années 80 et 90, en France ou en Italie, elle tenait vraiment la route. Quand on les retrouve aujourd’hui, on voit que cela n’a pas bougé », explique-t-elle. Il y a un peu plus de dix ans, quand Dalila a voulu baser sa nouvelle boutique sur ce concept, il a fallu faire preuve de pédagogie. Le principe de la seconde main et le concept du vintage n’étaient pas sur toutes les lèvres comme ils le sont aujourd’hui.
Mais Dalila n’est pas du genre à se laisser arrêter par les yeux ronds d’un banquier. Aujourd’hui, dix ans après sa création, la friperie s’est installée dans un espace plus grand et plus central, au bout de la rue du Commerce. L’endroit fait référence. « J’ai dans ma clientèle des personnes qui s’habillent hyper tendance mais aussi des groupes de musique qui viennent se trouver un style ou des régisseurs de spectacles qui ont besoin de costumes. »
Dalila y a reconstitué l’atelier de ses jeunes années de couturière, elle butine à l’envi ces étoffes qu’elle aime tant. Elle conseille sur les tailles et les matières et fait partager sa passion du vêtement à une ville qui ne demande qu’à redécouvrir le plaisir de (bien) s’habiller.
Matthieu Pays