Des Brèves de Comptoir à Tchaikovsky

Publié le 17-11-2014 14:28:29 Modifié le 05-04-2019 16:40:20 Par tmv

Cette semaine, Doc Pilot est allé écouter de la musique classique, du metal, du rock...

The Intelligence

Brèves de Comptoir au Cinéma Les Studio
Plongeon dans l’universel et l’humanité avec le film Brèves de Comptoir de Jean-Michel Ribes aux Studios. Des acteurs et des gueules, de l’incarnation sans excès, du naturel exacerbé par la justesse des propos et de l’incarnation des rôles. Une avalanche non-stop de rires et d’émotions, de grincements et de complicités instinctives avec le spectateur qui proviennent de cette Bible du peuple au-delà des classes sociales, et le café, ce lieu de toutes les rencontres, de toutes les peines à oublier, des combats du quotidien, du politique aussi dans sa vision terre à terre au travers du bon sens populaire. Ce film, ce texte sont nécessaires ; il reste certes le reflet d’une strate de la société, elle touche le côté le plus fragile de la population, celui capable de s’électriser pour représenter l’ensemble.
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The Intelligence & Movie Star Junkie au Temps Machine
Soirée de feu et d’électricité pour un public nombreux et participatif, normal sous l’avalanche de rock dit garage, sous les guitares fuzz et acides jouées à l’énergie sur des instruments vintages propres à générer du son unique et surprenant (la découverte d’un cépage inédit sans rapport avec du Bordeaux identifié). Idem pour les basses, idem pour le toucher, la manière d’ameuter les amplis sous la charge d’une expression animale et pressée. Et oui, même analyse pour les deux groupes de la soirée, même jubilation décomplexée à rejoindre ces mecs bien explosés : ce sont des artistes. Dans The Intelligence il y a du Television sans la culture, un pool d’expressions issues de la compilation Nuggets, du Fugs voire du Captain Beefheart sous amphét’ dans le croisement des mitraillettes à six cordes, du MC5 aussi, celui de la fin des sixties : c’est nerveux.  Nerveux aussi les Italiens de Movie Star Junkie, une déviation du rock’ab sans respect pour les racines, du blues du Delta du Tibre pour dolce vita déchainée, des indiens latins au culte vaudou étrusque, les héritiers de « plus loin » dans nos têtes, nos cœurs, nos jambes, nos sexes… Oui, animal et pas banal, des gens vrais comme on aimerait qu’ils le soient, c’est à dire « hors de la normalité » comme nous. Il suffit de regarder le public pour saisir que tout est cohérent ce soir, de JB de Pneu à Beatrice Myself dans le public, aux tatouages d’une Virginie German Cow derrière le bar ; d’un Vinz rocker photographe aux mecs qui balancent du son sans s’économiser, de la sueur et de la bière pour nettoyer le sol. It’s only rock’n fun et ça aide à vivre, ça justifie la vie.
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Jean Michel Merlan à L’Imprimerie
Livraison annuelle du travail artistique de Jean-Michel Merlan, ici dans le domaine photographique, recherche technique et hyper-réaliste sur des thèmes identifiés : les station-service désaffectées sur la N10 entre Tours et Chartres, les reflets de la Cathédrale dans toutes les surfaces vitrées, un hippocampe de fer sur un chantier naval où la rouille crée une femme. Le cuivre poli des instruments à vent : on pourrait dire que tout part dans toutes les directions, et pourtant c’est cohérent, et c’est l’expression d’un road-movie artistique psychédélique et introspectif.
Motor Rise à La Belle Rouge
Passer de l’inauguration du 37e Parallèle à Tours Nord à une soirée « métal » à La Belle Rouge, c’est un peu passer de la Cour à Versailles à la Cour des Miracles. C’est aller d’un lieu d’une beauté évidente et d’une chaleur boisée à une guinguette rock n’roll posée sur un chemin boueux dans un no man’s land urbain, d’un espace communautaire nourri de subventions et adoubé par les politiques à une jungle artistique ouverte aux initiatives privées issues du do it yourself où je n’ai encore jamais croisé un officiel… J’ai ouïe dire qu’un gang subventionné ferait bien la peau à cet endroit : c’est dingue comme l’initiative privée underground peut gêner… J’y arrive dans la nuit profonde, tombe sur Motor Rise, ce power trio à l’influence Motorhead revendiquée, portée en drapeau, des gens qui balancent du son sans économie de décibels. Le bassiste/chanteur use de sa Rickenbacker comme d’un marteau-pilon, grogne de l’anglais avec un souffle de taureau à l’entrée de l’arène. Le métal c’est un style, une niche, un tout ou rien sur l’échelle de l’adhésion aux régles, un espace où l’on ne peut tricher, mimer, bluffer, singer… Certes Motor Rise n’a rien inventé mais c’est avec honneur et joie qu’il balance la purée ; à leur écoute je ne peux m’empêcher de balancer la tête, et les longs cheveux raides que j’ai toujours rêvé d’avoir. J’en sors heureux, la gueule dans les étoiles, et vers Velpeau je retourne, en écoutant Alain Maneval ; je sais, aucun rapport mais toujours la passion et l’écoute.
Grande émotion à l’Opéra de Tours
Grand moment à l’Opéra de Tours en ce dimanche après-midi avec la 6e Symphonie de Tchaïkovsky dite pathétique, particulièrement le dernier mouvement. L’ensemble de l’œuvre est magique, l’une de mes préférées dans le répertoire russe, en ce jour l’interprétation brillante. L’OSRCT, sous la direction de Jean-Yves Ossonce, a carrément porté au delà de l’écriture le drame inhérent à son final inédit, aérien, planant, des notes en fuite sur l’horizon, l’impression de la phrase ultime, du dernier souffle, une peinture de la condition humaine dans son incontournable finalité, une émotion rare partagée par l’ensemble des spectateurs. Merci.

Tags : breves de comptoir la belle rouge les studio movie star junkie the intelligence

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