Choisir un métier dit "genré" : les conseils d'Alice Dupond du Centre d’Information et d’Orientation
Publié le 01-02-2023 12:19:57 Modifié le 01-02-2023 10:23:39
Alice Dupond est psychologue de l’Éducation nationale dans un Centre d’Information et d’Orientation (CIO). Une ressource essentielle pour vous aider dans votre orientation…
Comment les jeunes ont évolué sur leur orientation vers des métiers genrés ?
Dans nos statistiques, nous recevons plus souvent des jeunes filles car elles se questionnent sur leur avenir. Certaines sont intéressées par des métiers masculins, il y a une évolution de ce côté. En troisième, les jeunes ont encore du mal à affirmer leur choix. Les questions deviennent plus sereines et matures en terminale sur ces métiers.
Comment le milieu scolaire s’empare-t-il de cette question ?
Nous développons de plus en plus de partenariats avec les enseignants pour qu’ils puissent se rendre compte de la façon dont ils peuvent présenter, par exemple, les mathématiques et décourager les jeunes filles. On explique qu’il est important d’avoir le même niveau d’exigence avec les jeunes filles et les jeunes hommes.
En lycée professionnel, les familles de métiers instituées en seconde font beaucoup dans ces changements : les métiers de la beauté et du bien-être, par exemple, regroupent coiffeur et esthéticien, ce qui fait que des jeunes hommes qui se projetaient barbier vont peut-être changer d’avis pour l’esthétique. De même pour les métiers de la gestion administrative, du transport et de la logistique : en seconde, le jeune aura découvert ces métiers différents qui vont du secrétariat au transport et fera son choix de spécialité en première.
Quel travail menez-vous dessus au CIO ?
Nous essayons de voir le jeune dans sa singularité et globalité, analyser sa situation, ses problématiques, au cas par cas. Lorsqu’on le reçoit en entretien individuel, nous sommes très attentifs à ce que nous présentons sur les métiers dits genrés. Nous travaillons sur l’estime de soi, la confiance et les atouts de l’étudiant(e). Il faut faire passer l’idée que ça paraisse naturel et normal qu’il veuille travailler dans ce métier normalement réservé à l’autre univers.
Nous encourageons aussi les jeunes à se rendre compte sur le terrain du métier, faire des stages.
Quels sont les principaux obstacles que vous constatez ?
C’est un choix professionnel important, qui peut être anxiogène pour le jeune. Il faut dédramatiser, relativiser un choix qui serait fait pour la vie. C’est parfois la famille que nous devons rassurer, qui a peur que son enfant se dirige vers ce métier trop féminin ou masculin, ou un bac professionnel qui ne serait pas assez valorisé. Les enfants ont parfois l’impression que les parents les empêchent de faire ce métier mais c’est parce qu’ils sont anxieux.