Chroniques culture : la BD "Jeanne et Cierges" et deux polars à découvrir

LA BD DE LA SEMAINE

« JEANNE ET CIERGES » DE KARIBOU ET DUPARCMEUR

On s’était déjà bidonnés avec « Salade César ». Encore plus avec « Waterlose ». Et toujours autant avec « Troie Zéro »… Jamais deux sans trois, mais surtout jamais trois sans quatre, voilà que débarque la nouvelle tranche de rigolade signée Karibou-Duparcmeur avec « Jeanne et Cierges » (éditions Delcourt).

Le duo terrible ne change pas la recette et revient avec cette réécriture de l’histoire, à la fois foutraque et déjantée, sous forme de grand n’importe quoi. On continue donc dans la parodie, cette fois en (re)découvrant la vie de Jeanne d’Arc.

Tout y passe, de l’annonciation divine à sa virée à Chinon (qui tourne en obsession pour l’andouillette), en passant par la campagne en Bourgogne et, bien sûr, son passage sur le bûcher (ici ruiné par du bois vert qui ne brûle pas).

Mais ce qui fait tout le sel de cette BD, c’est la relation durant tout le périple entre la pucelle d’Orléans et son compagnon de route : Dieu ! Qui n’a strictement rien demandé et apparaît ici comme un vieux barbu complètement dépassé. Le dessin reste, comme les autres opus, statique et tout en bichromie, mais il est boosté par des dialogues très drôles (une vanne par planche au bas mot), bourrés d’anachronismes, de running-gags. Loufoque, absurde, une accumulation de « WTF » : bref, un régal.

Aurelien Germain

La sélection bd du mois

On a longtemps cantonné Paolo Serpieri à son héroïne Druuna en oubliant qu’il fut un dessinateur d’exception, notamment dans l’univers du western. Ouf ! Ceci est réparé avec la très belle sortie de « Histoires de l’Ouest » (éd. Glénat), où son trait fait merveille.

« De pierre et d’os » (Dupuis) est une formidable adaptation par Jean-Paul Krassinsky du génial roman de Bérengère Cournut. Situé chez les Inuits, ce récit âpre et émouvant est magnifié par un beau travail graphique qui fait voyager.

Saluons aussi comme il se doit cette autre adaptation du « Nostromo » (Soleil) de Joseph Conrad. Boisserie et Ternon offrent une relecture flamboyante à ce monument de littérature d’aventure tout au long de ces 160 pages.

On lira aussi « Serial Rockers » (Petit à Petit) en écoutant à fond le « Sex, drugs et rock’n’roll » de Ian Dury. Une bande-son idéale pour lire les frasques de nos rockeurs préférés qui, de Chuck Berry au duo Jagger/ Bowie, en passant par Hendrix ou Morrison s’en donnent ici à coeur joie.
Tout aussi décapant et bourré d’humour noir, ce « Toxique » (Expe Éditions) d’un Matthias Bourdelier qui nous régale. Un ouvrage qui fait hurler de rire avec cette série de gags évoquant des situations plus toxiques les unes que les autres.

Hervé Bourit

« FILS PRODIGUES », DE COLIN BARRETT

Colin Barrett est un auteur irlandais dont on fait l’agréable découverte avec ce « Fils prodigues » (éditions Rivages). Déjà couronné par de nombreux prix à l’étranger, ce jeune écrivain, déjà adapté par le cinéma, livre là un polar d’atmosphère autour d’une bande de kidnappeurs sur fond de trafic de drogue. Le style est cash, sans fioritures et laisse poindre une belle humanité et un sens du récit au premier abord assez déroutant. Mais qui se transforme ensuite en en « turn page » ébouriffant. Un nom à retenir.
H. B.

« L’ENVERS DE LA GIRAFE » DE PASCAL DESSAINT

Les éditions Rivages nous gâtent une fois de plus avec des polars indispensables ce mois-ci. Le maître Pascal Dessaint est de retour. Avec « L’Envers de la girafe », l’auteur nous embarque dans un quartier de Toulouse, où cohabitent quatre personnages obsessionnels qui vont voir leur destin se croiser pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur étant ici un récit ficelé et aux petits oignons, par cet auteur décidément à part : humour, science du verbe et inventivité débordante au programme.
H. B.