Chroniques culture : les Envahichieurs débarquent en BD, la nouvelle revue Chimères...

Le coin BD

Les Envahichieurs

Argh, help, les extraterrestres débarquent sur Terre ! Par chance, ces nouveaux arrivants de MAÄRSZ-843 ne sont pas méchants, ils sont simplement venus nous délivrer un message : que l’humanité court à sa perte si rien ne change et que l’on continue à détruire la planète. Et ils savent de quoi ils parlent : eux-mêmes viennent de survivre à l’effondrement de la leur en raison des dérèglements climatiques.

Dans « Les Envahichieurs » (éditions Delcourt), c’est donc parti pour 64 pages où chaque gag d’une planche fait mouche. L’auteur Marc Dubuisson, toujours aussi drôle et absurde, s’amuse à dézinguer à tout va la bêtise (et surtout la stupidité) de l’être humain, les politiques, les réseaux sociaux ou encore les médias.

Le dessin du Belge est reconnaissable, minimaliste mais très expressif, et sert ce récit satirique bourré de clins d’oeil à l’actualité (l’intervention d’un riche entrepreneur : « Je vous laisse, il faut que j’aille investir 44 milliards de dollars dans un réseau social pour que les gens puissent librement dire des trucs racistes » ou les chaînes TV outrées de cette « migration » du troisième type) et à tout ce que nous sommes en train de vivre en ce moment. Très drôle, plein d’esprit, cynique et terriblement vrai.

Aurélien Germain

La sélection BD de la semaine

Avec « Ginseng Roots » (éd. Casterman), Craig Thompson signe l’un des chefs-d’œuvre de l’année. En reprenant le fil de son enfance passée dans les champs de ginseng, il propose là une enquête phénoménale entre les États-Unis et la Chine autour de cette plante miraculeuse.

On saluera ici le retour de Carrère au dessin, sur un scénario de Cazenove, pour le tome 1 de cette nouvelle série « Guthrie » (Soleil). Un western âpre autour d’une quête et d’une vengeance familiale, aux rebondissements bien troussés et au final qui présage d’une suite palpitante.

Leone Frollo fut aux cotés de Manara, de Serpieri ou de Magnus un des grands maîtres italiens du dessin érotique. Cet ouvrage, « L’art de Leone Frollo » (Glénat) lui rend enfin l’hommage qu’il méritait à travers ces 120 pages.
Adaptation de l’ouvrage d’Éric-Emmanuel Schmitt, « Oscar et la Dame rose » (Albin Michel) par Zabus et Vernay est un récit tendre et émouvant autour des souvenirs d’une vieille dame et d’un jeune garçon. Une bande dessinée lumineuse et sensible.

Enfin, « Ce que les corbeaux nous laissent » (Dupuis) révèle tout le talent de Sophie Leullier qui, pour son premier ouvrage, nous entraîne au IXe siècle. Cette histoire de vengeance sur fond de croyances médiévales est particulièrement réussie !

Hervé Bourit

La revue

CHIMÈRES

Une revue sur la fantasy et les mondes imaginaires, à destination du grand public ? C’est le pari (osé mais réussi) d’Anne Besson et Victor Battaggion qui viennent de lancer le premier numéro de Chimères. Au menu ici, des interviews, des chroniques, des enquêtes, des reportages, tournant autour de la saga The Witcher, des jeux de rôle, de la genèse de Lanfeust, ou encore un énorme entretien avec Enki Bilal et un gros dossier sur Dragon Ball et son influence dans l’histoire du manga.

Le magazine est porté par une superbe maquette, vive, dynamique et travaillée ; tout est ici ultra rythmé. Comblant un vide dans le paysage littéraire et culturel, Chimères est aussi ambitieux que passionnant.

Aurélien Germain