Cinémas : (r)évolution en cours

Publié le 03-10-2018 05:46:50 Modifié le 03-10-2018 05:46:50 Par tmv

Ce mercredi 3 octobre, le nouveau cinéma, Ciné-Loire, ouvre ses portes. Avec lui, sa technologie IMAX, unique à Tours. L’occasion de faire le point sur les technologies pensées pour rendre les séances toujours plus spectaculaires. L'avenir du cinéma ?

Ecran IMAX (Photo d’illustration)

Salle 1. Inclinée. Un écran incurvé haut comme un immeuble de quatre étages. 20 mètres de long, 10 de haut. Poids : 700 kg. Des projecteurs 4K. Un système sonore latéral et au plafond. Et 400 sièges réglables.

Derrière ces termes techniques et ces chiffres qui donnent le tournis, un nom, une marque, un argument de vente : IMAX®. C’est dans cet équipement qu’a investi le nouveau multiplexe de Tours Nord. Ciné-Loire, son petit nom, ouvre ses portes ce mercredi 3 octobre. Et compte bien jouer sur cette technologie dernière génération pour rameuter les spectateurs [Ciné-Loire comptera également huit autres salles « normales » – NDLR].

L’IMAX® peut être un pari risqué. En premier lieu parce que les tarifs pour un ticket sont un peu plus élevés. À l’heure où la population préfère investir dans des plateformes de streaming légales ou se goinfrer de films téléchargés – donc gratuits – à tout va, d’aucuns ne sont pas forcément partants pour lâcher quelques euros de plus.
Pourtant, il est évident que les films en IMAX® constituent une expérience folle en soi. Outre l’aspect visuel (les images sont d’une netteté imparable et les contrastes de noirs et blancs sublimes), la possibilité immersive offerte est extrêmement appréciée par les fans ou les curieux. Une nouvelle façon d’aller au cinéma ; une nouvelle façon de consommer les films. Romain Davoine, l’un des représentants de Ciné-Loire, l’expliquait encore récemment à nos confrères d’Info-tours.fr : « Pour l’Imax, certains spectateurs peuvent faire une heure de route. »

Une des salles du nouveau Ciné-Loire (photo cine-loire.Fr)

RAMENER LES GENS AU CINÉMA

Car c’est là tout l’enjeu : en France comme ailleurs, face aux écrans à la maison qui se multiplient, les multiplexes se tirent la bourre. Une guerre sans merci pour proposer un vrai spectacle cinématographique, le plus dingue possible et attirer d’autres publics. Derrière tout ça se cache l’avenir du cinéma en salle, toujours soucieux de se renouveler et surtout de ne pas perdre sa clientèle.

Et ce n’est pas nouveau. Dans les années 50, outre-Atlantique, la télé arrive dans les salons. Les familles délaissent les salles obscures. Les Américains préfèrent regarder les films hollywoodiens en noir et blanc et au format réduit à la maison. On est bien mieux chez soi… Face à cette concurrence du petit écran, il faut… un écran large !
La 20th Century Fox décide alors d’adopter le format CinemaScope. Fondé sur un procédé optique ancien, l’anamorphose, « il comprime l’image dans le sens vertical et la restitue ensuite dans sa largeur normale, décrypte Victor Bachy, professeur à l’Université de Louvain et auteur d’ouvrages sur le cinéma. L’exploitation de l’anamorphose au cinéma à partir de 1953 sous le nom de CinémaScope lança la mode de l’écran large. »

Ramener le public vers le « vrai » cinéma en offrant ce que ne peut apporter le petit écran ? La combine fonctionne à merveille. La 20th Century Fox propose son premier film sous ce format, La Tunique, d’Henry Koster. C’est un succès. Tout le monde suivra. Les gens retournent au cinéma…

FAIS PÉTER LES WATTS !

Aujourd’hui, la télé a été remplacée par de nombreux autres acteurs. Avec un monstre sacré : Netflix. Alors les multiplexes, désormais totalement ancrés dans le numérique (les cinémas UGC ont lâché les bobines en 2011), redoublent d’inventivité pour ramener les spectateurs chez eux. Et les garder.

Il y a eu les arguments sonores avec par exemple l’arrivée du Dolby Atmos. Mais aussi la révolution 3D à l’époque, dopée par le mastodonte Avatar. On ne va pas se mentir, l’effet de mode est toutefois un peu passé. Certaines critiques ont été émises : maux de crâne, inconfort des lunettes ou parfois argument marketing bidon (certains films n’offraient aucun intérêt en 3D)… Le soufflé est retombé.
Si au départ, on gavait le spectateur avec cette révolution visuelle tout en lui imposant le relief sur les gros blockbusters, désormais la majorité des circuits de salles laissent le choix en proposant séances 2D et 3D.

D’autres complexes vont plus loin et offrent, à l’instar de l’IMAX®, une réelle volonté d’expérience immersive. Développée en 2009, la technique de 4DX a été adoptée par certains cinémas : on est ici à la limite de l’attraction, puisque le public se retrouve avec des mouvements de sièges (qui vibrent !), des sensations olfactives, de l’eau vaporisée sur le visage ou des chatouilles aux jambes, le tout tartiné de 3D. Un dispositif qui ferait presque croire à un manège au Futuroscope plutôt qu’à un film de cinéma. Si les jeunes et les ados – le public visé – sont aussi réceptifs qu’enthousiastes, d’autres spectateurs indiquent cependant être lessivés après une séance de deux heures, comme lors de Kong : Skull Island.

En France, une trentaine de salles en sont équipées. Toujours dans cette volonté d’être au coeur de l’action, les cinémas CGR ont fait le pari du concept ICE. Quésako ? Projection laser 4K, son Dolby Atmos, fauteuils inclinables et plus larges, et, surtout, la technologie Light Vibes.
Qualifié de « révolutionnaire » par le groupe CGR, ce concept instaure des « effets lumineux subtils diffusés sur les panneaux latéraux et à l’éclairage généré par des projecteurs dédiés. Les écrans disposés de part et d’autre de la salle créent un ambiance visuelle unique au travers de couleurs et de formes dynamiques ».

Récemment, le CGR des Deux-Lions, à Tours, a sauté le pas. Le multiplexe, qui fait partie des cinq plus fréquentés du groupe en France, a ouvert sa 13e salle et celle-ci bénéficie donc de cette technique ICE qu’on verra notamment sur Venom et Bohemian Rhapsody. Une volonté de toucher un public aussi bien attiré par le confort que par l’expérience technologique. À Tours comme ailleurs en France et dans le monde, le cinéma n’a pas fini de s’adapter et de proposer de nouvelles expériences.

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