Clotaire : Sappé comme jamais
Publié le 27-03-2016 11:12:10 Modifié le 27-03-2016 11:12:10
Vous l’avez peut-être déjà croisé à Tours. Son élégance ne passe pas inaperçue ! Clotaire, « l’homme au chapeau », est un sapeur. Enfin quelqu’un qui pratique la sapologie quoi. Une forme de dandysme africain, qui réinvente avec classe et fantaisie les codes de la bourgeoisie européenne.
LA SAPOLOGIE EN BREF
La sape (qui vient de l’acronyme Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes) est un style vestimentaire populaire né au Congo-Brazzaville à la fin du XIXe siècle. Il consiste à porter avec goût des vêtements de grandes marques. Rien est laissé au hasard, tout est dans le détail. L’histoire de ce mouvement s’est inscrit dans un contexte politique propre à l’Afrique – de la colonisation aux vagues migratoires vers l’Europe.
LES QUATRE COMMANDEMENTS DU SAPEUR
1. Porter trois couleurs, des chaussures à la pochette de costume.
2. Avoir une bonne hygiène, porter des vêtements impeccables et se parfumer.
3. Mettre de la crème éclaircissante pour se blanchir la peau.
4. Entretenir une calvitie. Peu importe l’âge.
SA PASSION
La sape, c’est un style, une démarche, un mouvement, un art, un manifeste. Pour Clotaire, c’est surtout une passion depuis l’âge de 12 ans : « À l’époque, on se retrouvait le dimanche devant la cathédrale de Brazzaville. Je mettais des vêtements que mon grand- frère m’envoyait de France. On défilait et on faisait des battle avec des juges qui décidaient qui était le mieux habillé. Aujourd’hui, j’y passe toujours beaucoup de temps, je connais les vêtements, les couleurs, les tissus, je sais les assembler. Je fais des choix vestimentaires que je suis capable de défendre. »
LA SAPE ET LA MUSIQUE
Les deux sont indissociables. La sape a pour pape Papa Wemba, un grand musicien congolais qui a donné ses lettres de noblesse à ce phénomène. « Je l’ai beaucoup écouté, il donnait le goût de s’intéresser à l’habit. Ses chansons ont fait bouger le Congo-Brazzaville. » Stervos Niarkos, Djuna Djunana et son fils, Maitre Gims, ont aus- si contribué à populariser la sape avec leurs chansons.
SON BUDGET
« J’y consacre beaucoup d’argent, peut-être 50 % de mon salaire – une fois mes dépenses courantes déduites. Mais il ne suffit pas de porter des vêtements de grands couturiers. Chacun fait selon ses moyens. C’est le style avant le prix. L’important, c’est qu’on me dise “ le monsieur il est bien habillé ”. Peu importe si j’ai payé mon costume
SON LOOK À LA LOUPE
« Aujourd’hui, je porte des chaussures Bohème en cuir de python noir, des chaussettes Kaporal noires, pour aller avec mon costume British gris. J’ai mis une chemise Loding à rayures bleues et blanches avec des boutons de manchette Diesel. Ma cravate, bleue jaune et blanche, vient de chez Camicia, tout comme la pochette jaune qui fait le rappel. Je porte aussi une montre Diesel dorée, ainsi que des lunettes et un chapeau Christian Dior. »
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