Créer son entreprise : ne pas négliger l'accompagnement
Publié le 04-12-2024 08:11:55 Modifié le 04-12-2024 09:29:38
Quitter son emploi et se dire « ça y est, je lance mon mon projet », ça n’est pas rien... Et surtout ça ne se fait pas seul. A Tours, Sophie, Laurie, Tom et Quentin se sont lancés, en étant accompagnés.
« Et finalement, je ne sais pas si je vais me lancer, ça m’a fait réfléchir. » Oui, on vous l’accorde, commencer cet article par les paroles de Sophie, trentenaire qui hésite à ouvrir un café sympa à Saint-Pierre-des-Corps, c’est osé. Mais nombreux sont les créateurs d’entreprise qui passent par là.
Revenons à Sophie : après dix ans dans le travail social, elle a réfléchi, a cherché un emploi du côté des épiceries locales et commerces de proximité, des lieux de rencontre et de partage, jusqu’à envisager de créer son propre café. Problème : « Je n’y connaissais rien, je ne voyais pas par quoi commencer pour y arriver. »
Tel Thésée dans son labyrinthe, Sophie attrape le fil qui la mènera à bon port, ou plutôt l’un des fils possibles : le recours au CEP, le Conseil en évolution professionnelle proposé gratuitement par la région Centre-Val de Loire. Plus léger qu’un bilan de compétences (plus long et à financer avec son CPF), le CEP a permis à Sophie d’y voir plus clair, et surtout de ne pas démissionner, afin de pouvoir bénéficier plus tard des aides Transitions Pro avec le dispositif « démission- reconversion ».
Rendez-vous en visio et échanges d’informations l’ont ensuite amenée à une nouvelle étape, direction la CCI Touraine pour la semaine « 5 jours pour entreprendre ». Compta, finances, droit, communication… Elle a énormément appris : « Quand on me dit CA brut ou fonds de roulement, maintenant je sais ce que c’est ! », affirme-t-elle en souriant.
Suite à la formation, elle a rencontré d’autres cafés pour échanger sur leur expérience, elle a débuté son étude de marché et fait des calculs savants qui n’ont plus de secret pour elle, jusqu’à aboutir à cette conclusion provisoire : il faudrait travailler 6 jours sur 7 de 8 h 30 à 19 h 30 et vendre plus d’une quarantaine de cafés par jour pendant 335 jours par an pour se rémunérer à pleine plus haut que le smic. Pour l’instant, elle a donc mis le projet en pause, et se réjouit de toutes les rencontres faites durant ces derniers mois de future créatrice d’entreprise.
Vraiment solo, solo ?
Ne pas souffrir de la solitude ? C’est la bonne surprise qu’a eue Laurie. Elle a eu la bonne idée — une bouteille sensorielle destinée aux bambins pour participer à leur éveil — et a décidé de créer son entreprise Ma Petite Malle d’Éveil, à Joué-lès-Tours. Salariée redevenue étudiante, elle a bénéficié du dispositif Pépites et du Statut National d’Étudiant Entrepreneur (SNEE).
Sélectionnée par le comité d’engagement de Pépites Centre-Val de Loire, elle a été retenue pour être accompagnée au fil de l’année universitaire, avec plusieurs journées de formation et une semaine « STARTER » de travail intensif. L’accompagnement a été essentiel pour elle qui ne connaissait pas de chef d’entreprise et a dû tout assimiler. « J’ai appris énormément, j’ai grandi de dix ans en une année et j’ai aussi vu que créer son entreprise n’est pas aussi individualiste que je l’imaginais. Et puis je n’hésite pas à recontacter les conseillères quand j’ai besoin. Pépite un jour, pépite toujours ! »
C’est aussi en étoffant son réseau que Laurie sort de l’isolement : Touraine Women en local, l’incubateur Live For Good au national, les anciennes « Pépites »… Ce qui n’a pas empêché des embûches en cours de route : « Je ne pensais pas que créer une société était aussi difficile. Émotionnellement c’est compliqué, il faut tout le temps se réadapter, prendre une mauvaise décision peut tout mettre en péril ! » Les doutes sont donc à l’ordre du jour en ce moment.
De leur côté, Tom et Quentin Héritier résument ainsi leur vie de jeunes chefs d’entreprise : « Notre quotidien, c’est régler un problème en attendant le prochain. » Les deux frères sont à la tête d’une distillerie à Montlouis-sur-Loire depuis 2022. Eux aussi ont été accompagnés, par la BGE, avant d’obtenir un prêt d’honneur d’Initiatives Touraine et de s’entourer d’un avocat, d’un expert- comptable et autres professionnels essentiels. Aujourd’hui, pour les frangins une chose est sûr, malgré les aléas et les responsabilités : créer leur entreprise a été une bonne idée, ils sont bien accompagnés et n’ont aucun regret.
Emilie Mendonça
Photos : Adobe Stock et Freepik
Catégories : News