Dans le quotidien d'Éric Muzard, ambulancier
Publié le 10-10-2024 14:02:12 Modifié le 07-10-2024 11:05:30
#VisMaVille Arrivé à la cinquantaine, Éric Muzard a changé de vie. Il est devenu ambulancier. Un métier difficile, technique et profondément humain, qui ne se limite pas à sa seule fonction de transport.
Non, le métier d’ambulancier ne consiste pas seulement à emmener une personne d’un point A à un point B. Et, pour s’en convaincre, il suffit de passer un moment avec Éric Muzard. Il n’a pas toujours été ambulancier, d’ailleurs, Éric. Avant, il vendait des pièces détachées pour les automobiles. « Ce n’était pas pire qu’autre chose mais, au bout d’un moment, j’ai eu besoin de donner du sens à mon activité professionnelle. Il fallait que je sois utile aux autres. »
Mais à 50 ans passés, Éric n’a pas trop le temps ni les moyens de s’offrir une formation au long cours. Alors, il se lance dans un DEA d’ambulancier. Un choix qu’il n’a jamais regretté. Toutes ses journées commencent par le même rituel. Tour de l’ambulance, vérification mécanique, check-list du matériel. Bien « armé », le véhicule, comme son équipage, est prêt à affronter une journée qui va durer une dizaine d’heures.
Sur le PDA (son petit terminal portable), la première mission tombe. Un lieu, un descriptif rapide. Il peut s’agir d’un « simple » transport entre le domicile et l’hôpital, d’un déplacement programmé à l’avance ou d’une urgence envoyée par les services de secours. « On sait pour quel type d’intervention on part, mais on ne sait jamais vraiment ce que l’on va trouver », explique Éric.
Alors, dans le véhicule où prennent place deux professionnels qui travaillent en binôme, il y a tout ce qu’il faut pour répondre à toutes les situations : kit hémorragie, kit pédiatrique, kit maternité, de l’oxygène, des attelles… « En arrivant sur place, on réalise une première évaluation de la situation. On prend les constantes de la personne, on pose des questions pour, ensuite, en référer aux services médicaux. »
Et c’est cet aspect humain, le fait de venir en aide aux gens quand ils en ont besoin qui plaît tant à Éric. « Quand elles nous voient arriver, les personnes sont un peu rassurées, elles ne sont plus seules », glisse-t-il. Les gestes sont rôdés et les procédures bien en place.
Mais il faut souvent faire preuve d’initiative et savoir prendre ses responsabilités. Comme cette fois où Éric a dû appeler les pompiers pour descendre de son dernier étage du Vieux Tours, une femme trop faible pour être transportée dans son escalier trop raide. Ou ces fois où un bébé trop pressé n’a pas laissé le temps à la maman d’arriver jusqu’à l’hôpital.
Alors, bien sûr, il y a aussi les moments difficiles. Les enfants malades qu’il faut transporter, les cœurs qui ne repartent pas, les patients que l’on transporte pendant des mois, que l’on finit par bien connaître et qui s’en vont. « On voit aussi, souvent, la misère du monde. Pour faire ce métier, il faut être prêt à l’affronter. Être prêt à toucher les gens, à les accompagner. Cela ne convient pas à tout le monde… ». Non, sans doute. Mais cela lui va bien, à lui qui, en douze ans d’ambulance, n’a jamais regretté ses voitures et ses pièces détachées d’antan.
Matthieu Pays
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