Dans les baskets d'un(e) député(e)
Publié le 15-06-2017 09:26:22 Modifié le 15-06-2017 09:26:22
Ernestine Bonvoisin vient d’être élue députée. La fête avec ses amis et ses soutiens dans sa circonscription à peine passée, la voilà à la porte du Palais Bourbon. Un huissier en queue-de-pie lui lance un « Bienvenue dans votre maison » et Ernestine comprend qu’elle vient de pénétrer dans un nouveau monde, qui lui est totalement inconnu. Elle comprend aussi que la vie de député ressemble souvent à un marathon… qui ne s’arrête jamais.
1.Une des premières choses que l’on demande à Ernestine, c’est de s’affilier à un groupe parlementaire. Pour faire un groupe, c’est un peu comme sur Facebook, pas besoin d’être amis pour de vrai : il faut être 15 au minimum et être d’accord sur les choses importantes. Et, c’est comme en classe : il faut bien choisir parce qu’après, on est assis à côté des gens du groupe pendant toute la législature. Si pas de dissolution, ça nous fait du cinq ans, quand même…
2.Le jour du discours de politique générale du Premier ministre, l’Assemblée nationale, c’est vraiment THE place to be. Le principe de l’exercice est simple : il parle, il dit ce qu’il veut faire et, ensuite, les députés votent la confiance… Ou pas. Pour de vrai, le suspense est limité, selon la composition de l’hémicycle, on connaît à l’avance le résultat des courses.
3.Autre truc important à gérer pour le dé
4.S’il est particulièrement inspiré ou en pointe sur un sujet, un député peut rédiger un texte de loi. Dans ce cas, on appelle ça une « proposition de loi » (quand c’est le gouvernement qui porte un texte, c’est un « projet de loi »). Soyons clairs, pour avoir une chance de la voir adoptée un jour, il vaut mieux être affilié à un groupe majoritaire.
5.Mercredi, c’est ravioli, mais c’est aussi le jour des questions au gouvernement. La séance est télévisée, c’est un peu la vitrine de la boutique. Chaque question dure deux minutes, montre en main. Et le gouvernement a aussi deux minutes pour répondre. Les ministres sont présents et ils n’ont pas eu les questions avant, c’est du direct live !
6.En plus des commissions traditionnelles (Affaires sociales, Affaires étrangères…), Ernestine peut se retrouver au sein d’une commission d’enquête dont la création est décidée par la conférence des Présidents. Elle concerne un sujet d’actualité précis. À l’issue de ses travaux, la commission doit remettre un rapport. Ces commissions comprennent une vingtaine de députés, un président, des vices-présidents, des secrétaires et un rapporteur
7.Le vote de la loi, c’est LE boulot du député. Il en vote en moyenne une centaine par an. C’est un moment qui va très vite. Le temps qui s’écoule entre « Le scrutin est ouvert » et « Le scrutin est clos », est à l’appréciation du président de séance mais il est toujours très bref, autour de deux secondes. Ernestine doit être derrière son pupitre et choisir entre POUR, CONTRE et ABST, en appuyant sur le bon bouton. Et c’est comme dans Qui veut gagner des millions, parfois, il y en a qui se trompent…
8.Rédiger un amendement, c’est-à-dire un bout de texte qui va corriger une partie d’une loi, c’est monnaie courante. Parfois, c’est vraiment pour améliorer la loi, parfois, c’est juste pour ralentir le travail parlementaire puisque tout amendement, aussi loufoque ou anecdotique soit-il, doit être examiné.
9.Ernestine le sait car elle connaît ses électeurs, le travail à Paris n’est qu’une partie de son job de député. Alors, plusieurs jours par semaine, elle revient chez elle et se consacre à sa circonscription. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle est attendue. Tout remonte à un moment ou à un autre vers le député, les problèmes et les situations compliquées surtout. Rendez-vous en permanence, inaugurations, rencontres officielles… Ernestine ne va pas chômer !
10.À la maison, c’est Ernestine qui gère les comptes de la famille. Mais là, c’est carrément une PME qu’elle a entre les mains ! Pour elle, 7 100 € d’indemnités, de salaire donc, imposable sur 5 600 €. Pour ses collaborateurs (assistants parlementaires), une enveloppe globale à partager de 9 500 €. À cela s’ajoutent 5 770 € pour les frais de représentation (hors transports, puisque les députés voyagent gratuitement). Une somme dont l’utilisation n’est (pour le moment) pas contrôlée.
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