Deep Purple à Tours : conversation avec la voix du rock
Publié le 04-07-2018 05:09:40 Modifié le 05-04-2019 16:39:31
Un matin comme un autre ? Pas vraiment. Ce mardi-là, tmv a décroché son téléphone pour passer un petit coup de fil à un certain… Ian Gillan, mythique chanteur de Deep Purple ! Le groupe se produira à l’American Tours festival le 14 juillet. Allô Ian ?
Vous connaissez le stress ? Le fameux frisson qui parcourt votre dos et la goutte de sueur qui perle à votre front pendant que vous balancez quelques jurons, car tout ne va pas comme vous voulez ?
C’est ce qui arrive ce matin-là, dans nos locaux. Il est 9 h 30. Nous sommes censés causer à Ian Gillan, l’homme au micro de Deep Purple depuis 1969. De passage au Portugal, le chanteur nous attend à l’autre bout du téléphone. Mais des soucis techniques nous empêchent de le joindre à l’heure. Argh.
Impossible de faire attendre le Londonien. Après plusieurs essais infructueux, il faut se décider à tenter via notre téléphone portable qui fait des siennes avec sa batterie. Re-argh.
Ça y est. Ian Gillan décroche le combiné. Sa voix est rocailleuse, mais douce. Le débit est parfois lent, parfois plus rapide.
Son timbre change lorsqu’il s’exclame « interesting question ! ». Il choisit ses mots, varie ses intonations. L’homme parle comme il chante. Les trois minutes de retard à notre interview n’ont visiblement pas dérangé le gentleman. « Ce n’est pas grave du tout, rassurez-vous. Comment allez-vous ? », demande-t-il de son joli accent british.
Lui se porte comme un charme. Le dernier album de Deep Purple, InFinite (sorti en 2017), a séduit le public. Succès dans les charts, chroniques dithyrambiques, et milliers d’exemplaires vendus. « C’est une période vraiment excitante », confirme Ian Gillan. D’ailleurs, le groupe, toujours aussi populaire après 50 ans (!) d’existence, enchaîne les dates.
SMOKE ON THE WATER
À 72 ans, le Britannique continue de prendre son pied sur scène. Même quand on lui parle du tube interplanétaire Smoke on the water et son riff le plus célèbre de l’histoire du rock. On pense que la chanson, jouée depuis 1972, doit le lasser. Marre de chanter ce refrain historique, Ian ? « Eh bien non, même pas ! (rires) J’adore sa structure. Elle est relativement classique dans sa construction, mais c’est devenu iconique, symbolique. Ça fait toujours quelque chose quand je vois des gens la chanter, que ce soient des gamins ou des quinquagénaires. »
Le musicien y va alors de son anecdote : « Vous savez, un jour, Pavarotti m’a avoué qu’il était jaloux de moi ! Il m’a dit : “ Ian, toi tu peux chanter Smoke on the water cinq ou six fois et ce sera différent à chaque fois. Moi je n’ai pas le droit, ce serait inimaginable. ” »
Ian Gillan n’est donc pas un de ces vieux rockeurs usés par la routine ou le devoir d’enquiller le triptyque route/scène/hôtel depuis des décennies. Pour tenir le coup, le chanteur n’a pas forcément de régime particulier. « Mais c’est sûr que je fais moins la fête qu’avant ! », plaisante-t-il. « Je ne fume pas et je ne bois pas. Enfin, pas à l’extrême, hein ! Je prends parfois un petit verre de vin. »
De quoi continuer à enchaîner les concerts à un rythme soutenu. Même si, Ian Gillan l’avoue, « nous allons essayer à l’avenir de sélectionner davantage les concerts et les festivals dans lesquels nous nous produirons ».
À propos de shows, la question nous démange. Qui dit concert de nos jours dit plaie des portables. La foule est désormais branchée à son smartphone, photographiant et filmant le moment plutôt que de pleinement le vivre et profiter (mode réac’ nostalgique ON).
Vivre le concert à travers son écran ? « C’est bizarre », répond le chanteur du tac au tac. « Franchement, c’est une perte de temps. Totalement futile… Les gens parfois ne réalisent pas la chance qu’ils ont de vivre pareil instant. Bon, je ne critique pas, ça fait partie du truc, maintenant… Je n’aime pas être négatif, car c’est quelque chose qui appartient à la nouvelle génération. »
A l’ancienne, dans le bon sens du terme, mais pas coincé dans le passé. D’ailleurs, quand on lui demande ce qu’il écoute comme musique en ce moment, Ian Gillan s’enthousiasme. « Hmm, intéressant, comme question ! Quand je suis avec des amis, je les laisse choisir ! (rires) Personnellement, j’aime le blues et le flamenco. Très peu de musique contemporaine en fait. Je ne suis pas franchement dans le coup ! » Le temps passe. Les minutes défilent à une vitesse affolante.
L’heure est bientôt venue de raccrocher et de se défaire de la voix qui incarne le Pourpre profond. C’est le moment de le brancher sur la jeunesse une dernière fois. « Vous êtes l’un des chanteurs les plus influents du rock. Quels conseils donneriez-vous aux “ kids ” qui souhaitent se lancer dans une carrière de chanteur ? », demande-t-on. Ian Gillan se galvanise. « Aaah…. Utilisez votre voix, apprenez et surtout… copiez, imitez, encore et encore. Copiez chaque chanson que vous aimez et entraînez-vous dessus. Ça vous donnera l’énergie, la compréhension de la musique, la chimie. Ensuite vous pourrez vous lancer dans vos compositions et trouver votre style. C’est comme cela que ça vient. Et n’ayez pas peur du résultat. Au départ, vous n’imaginez pas à quel point mes chansons étaient atroces ! », lance-t-il dans un dernier rire. Il est temps d’aller s’échauffer au micro, non ?
Texte : Aurélien Germain
Photo : Shutterstock.com
> American Tours Festival, du 13 au 15 juillet au Parc Expo. Avec Lenny Kravitz, Imelda May, Gord Bamford, Deep Purple…
> Tarifs : Pass 3 jours à 59 €. Pass 1 jour de 35 à 45 €.