Du Festival des Jardins de Chaumont au Jungle Brothers...
Publié le 11-05-2015 09:50:14 Modifié le 05-04-2019 16:40:10
Ses balades dans les méandres de la vie culturelle tourangelle ressemblent à ça : chronique de Mister Doc Pilot.
… Entre Chaumont et Tours le soleil rougit le ciel au dessus de La Loire, pleine, massive ; les yeux dans sa force tranquille nous écoutons le prochain album de Caravan Palace et c’est bon … à la place du mort Colotis Zoé fait des bonds ; elle a des contractions en l’attente de l’accouchement…
Festival des Jardins de Chaumont
Jardins extraordinaires, jardins de collections, un bon cru pour le Festival international des Jardins, de belles surprises avec Nuances, tableau végétal encadré de blanc, galerie magique en l’espace nature ; de l’humour avec Carnivore Parc et ses plantes collectionnées en cage ( zz’ai très peurrrr) ; l’extraordinaire « le jardin des 101 pelargoniums » et ses mille parfums en végétal ; le jardin du teinturier et sa gamme colorée de bocaux de gélatine marbrés près de la corde imbibée… Comment ne pas goûter à l’ivresse des elfes entre château et jardins, comment ne pas se perdre et s’oublier dans ces œuvres d’art de l’instant initiés par de l’identité subjuguée et du style, de l’audace parfois, de la provocation, de la joie… Comment ne pas croire en l’intelligence du végétal, à la force omniprésente de la nature dans l’acte de celui qui la dresse, la dirige, l’inclut dans un scénario, une histoire.
Soirée « Hip Hop » au Temps Machine
Ce vendredi au Temps Machine je pense avoir vécu mon concert de l’année, au spectacle d’un style dont je ne suis pas vraiment fan, me jugeant trop éloigné de sa base pour le goûter au quotidien. Pourtant ce soir, j’ai l’impression d’atterrir ailleurs, de retrouver des codes, d’opter pour la fête omniprésente sans se poser de question, sans chercher à intellectualiser, à donner du sens, de la raison. D’abord l’environnement, cet espace de guetto blasters en collection, prétexte à la foto « comme avant » ; et puis cette collection de galettes, des traces usées jusqu’à la corde par des milliers de passages sous l’épée de Jedi du diamant… Sur la grande scène des danseurs en performance, de l’amitié, du mouvement en haut et en bas sans distinction aucune. On se passe l’espace sans concurrence… Puis les maîtres, Jungle Brothers pour une heure de plaisir intense, physique, très physique, une musique pour le corps, des impacts de mots pour le corps, des mouvements inspirés pour le corps ; on en sort vivant, on en sort ramené à la vie et l’on mesure sa chance de vivre ici, loin des terres de guerres, d’intolérance, de bêtise, et l’on se dit que c’est encore possible de se découvrir dans le hip hop comme l’on se découvre dans le blues, le reggae, « les musiques racines ».
De La Boite Noire à la Gare de St Pierre en passant par chez Les Colettes
Passage dans le Quartier des Arts où l’on croise du « Tout Tours » et des « Hommes de l’Ombre », où l’on passe du Strapontin au Fumoir, du Tourangeau au Trois écritoires, avec beaucoup de gens en terrasses, en bords d‘établissement. Nous ne venons pas à la lisière du Vieux Tours pour jouer les paons ; nous allons au vernissage de la Boite Noire, celui de l’expo de Philippe Pherivong et de ses tangos romantiques, ses charmantes miniatures émouvantes et fragiles, ses souliers rouges que j’aime tant, cette manière d’user du trait pour en forcer la trace, de la couleur pour en nourrir l’audace, du texte pour lui soumettre de l’émotion… Ils jouxtent les réalisations très techniques de Bérenice Fourmy : du beau, de l’unique, du bois, du sang, mais je l’avoue sans impact sur ma cervelle de taureau instinctif… A l’ancienne imprimerie communiste de la rue Bretonneau Maxime Vignon étale une nouvelle fois un travail primitif et provoquant dans le sens comme dans la forme, mariage d’objets techniques à de la toile, de composants électroniques avec de la peinture et des paillettes ; cet art brut n’est pas beau mais intriguant, et comme nous le disions avec deux amis peintres, on l’attend au tournant ce Maxime, on se dit qu’un de ces jours il va peut être nous balancer un truc, le truc, l’œuvre, enfin du lourd dans cette pratique ou une autre : on y croit… Au Café comptoir Les Colettes je n’ai que vingt minutes pour écouter le concert de Madja, groupe progressif émergent bâti par de jeunes musiciens talentueux travaillant dans un esprit néoseventies… heu, pourquoi le groupe joue-t’il dans l’obscurité ? Des problèmes de fusibles chatouilleux ? Une excitée de service veut piquer la vedette aux artistes : elle y arrive à sa façon. Bon, le peu du concert vu m’a laissé amer et déçu pour le groupe, pour l’investissement des artistes… ça sent le coup d’épée dans l’eau mais je n’ai pas vu la suite et ce fut peut être une réussite, la casse-couille éjectée, la lumière allumée dans la salle et les yeux des musiciens, du public…. Dites-moi, dites-moi… La Gare de Saint-Pierre dans la nuit, c’est beau… et puis ce passage dans le tunnel habillé de l’art d’Olivier Pain à celui de Jean-Pascal Jauzenque mélangé, apaisant, magique… Quai numéro 2 j’aime cet instant d’arrêt sur l’image entre le départ d’un train et l’arrivée d’un autre, ce faux silence, cette attente palpable, ce temps à perdre par obligation : dans l’air flotte de la morphine.
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