Du Son en live et en CD’s
Publié le 25-05-2015 10:45:32 Modifié le 05-04-2019 16:40:10
Comme chaque semaine, les péripéties culturelles de notre chroniqueur de l'extrême Doc pilot.
Du Son en live et en CD’s … nous sommes très attristés par le départ prématuré de Anne Le Barth… Plus jamais le Printemps ne sera le même à St Cosmes…
Soirée Les Talentueuses : Arry Goni & Buddy Buddha
Soirée privée sur invitation dans un troglo du quartier Paul Bert, une promotion conviviale pour deux concepts difficilement comparables, Arry Goni d’abord, un chanteur charismatique sûr de sa présence et de son chant, accompagné par trois musiciens talentueux dont un homme aux claviers au travail particulièrement fédérateur dans sa capacité à user des styles et des ficelles pour monter la sauce. C’est bien fait mais c’est pas ma came, un peu trop généraliste à mon goût, trop facile à anticiper dans les arrangements et les lignes mélodiques. Il est pourtant évident que ce style de formule peut toucher le grand public, voire récolter la timbale… Buddy Buddha, la réunion au sommet de Krumlek et Janski Beeeat, a donné un fameux concert, le meilleur de ceux des deux compères auxquels j’ai pu assister, le côté ambient au bord de la mer égratigné par du son bétonné, malaxé, détourné, une option intelligente à ainsi donner un grain « rock » à de la suavité harmonique, polluer le sable privilégié de ce club convivial avec une insidieuse dégringolade dans le lâcher prise et l’ivresse. J’adore ces deux canailles et leurs sales manières… En sortant, je passe devant la maison où vécut Alan Jack…
Lady’s Folk & Le Feu au Temps Machine
Le Feu balance une pop faussement innocente et réellement psychédélique, à la croisée des chemins d’une culture seventies réinjectée dans les nineties et d’une sorte de culture club déjantée mâtinée de pop jouissive. On sent de sales gamins près à s’offrir des bouteilles de grands crus coupées au Coca, une envie de peindre hors des cadres, de prolonger la toile très loin sur les murs interdits, et finalement d’opter pour un dandysme sans artifice d’aristos dégénérés. Leur reprise du white rabbit de Jefferson Airplane participe de cette audace omniprésente ; comment ne pas penser à « Las Vegas Parano », comment ne pas réaliser ce style de musique en alternative à la came, une manière de repousser le manque d’une époque et d’un mode de vie par l’usage intempestif d’un nouveau mode « d’exister ». Néo Beatnik sans l’alibi intellectuel, Le Feu porte un univers post Kerouac à l’animalité partageuse… Il n’en est pas de même avec Lady’s Folk, réunion de trois pointures en leur domaine, de trois individualités riches de leurs expériences et de leurs sciences de l’expression, pour finalement ne pas apporter l’émotion souhaitée à la relecture « des filles du Canyon ». Est-ce affaire de circonstances, eu-t’il fallu les voir jouer en bord de Loire face au public fourni d’une guinguette assoiffée ? Tout semble trop sage, trop codé pour embarquer, surprendre, faire jouir, pousser à adhérer au concept sans réfléchir… Pas le temps d’attendre d’être séduit : je file vers Tours en écoutant « for the roses » de Joni Mitchell et c’est bon, enfin.
Odran Trummel au Puzzle
Le Festival Wabam annulé c’est au bar le Puzzle rue de Chateauneuf où Odran Trummel est venu donner concert le lendemain de sa date parisienne sur la Dame de Canton ( ex-Guinguette Pirate)… J’ai assisté à la balance et n’ai pu écouter que cinq titres du concert mais j’en suis sorti avec le manque de ne pouvoir rester. Dégustant régulièrement leur 4éme album je fus très surpris de le voir ainsi dans des conditions précaires, restitué à la scène sans la moindre variation sur la qualité des arrangements, la technique des instrumentistes, la beautés des harmonies vocales, le lyrisme omniprésent du leader au chant comme à la guitare. On pense bien sur à XTC mais aussi à Peter Hammill voire à Gentle Giant ; nous sommes face à un quatuor haut de gamme, à des créatifs respectueux de leurs capacités et de leur public : des artistes. Savant mélange de folk et de musique ancienne dans une esthétique pop précieuse et décalée, Odran Trummel s’installe désormais dans le peloton de tête des formations hexagonales à dimension internationale… A mes côtés dans le petit public de ce rade en trou de hobbit, le leader de Hélas ! et Romain de Ropoporose… c’est un signe.
CD MOTOR RISE Faster Louder Faster
Le métal est universel, fédérateur au delà des générations, arrangeur de codes déclinés dans toutes les sauces de l’énergie et du feu, une forge électrique où Motor Rise a bâti ce premier EP, une carte de visite instinctive propre à rameuter les troupes. Sous l’influence de Motorhead le groupe est en combat ; ici on ne se cache pas derrière un possible concept voire une démonstration instrumentale sans usage pratique réel ; ici la fusion du groupe et de son public est de mise, la gravure en l’instant d’une machine de scène et de son investissement à long terme, son humanité. Les tristes productions formatées ont beau envahir les ondes et récolter les suffrages d’écoutes préétablies, des groupes comme Motor Rise prouvent qu’il est encore possible d’agir à la marge mais pour un large public. Le power trio tourangeau n’a pas à rougir face à ses collègues dans le style : il possède l’écriture d’hymnes fédérateurs, l’accord entre “ les pupitres ”, de la basse caverneuse à la guitare sans barrière et sans limites, de la voix uniforme dans la trace, à la partition rythmique sans faiblesse. Finalement un ep que l’on écoute et réécoute et qui nous donne l’envie d’aller encore une fois revoir le groupe à la scène, son ring, pour notre plaisir partagé, son combat.
CD VALPARAISO avec Phoebe Killdeer – Winter Sessions – zamora
Produit par John Parish cet EP est addictif dans le son et l’écriture. L’inspiré Thomas Belhom nous balade encore une fois dans ses voyages réels ou imaginaires ; épaulé par une bande d’instrumentistes en la maîtrise et la grâce, il nous projette son film, l’expression d’un exotisme de pacotille propre à magnifier la réalité, à nous faire voyager pour le meilleur en évitant le pire. Valparaiso est un vaisseau, un média, une hypothèse, une porte de la perception ouverte sur un instant béni, une faille dans la normalité, le frôlement d’une perfection oubliée et de nouveau envisageable. Nous sommes dans un court métrage, le premier d’une série où chaque tome verra intervenir un acteur principal, ici la chanteuse Phoebe Killdeer en transit du collectif Nouvelle Vague. Et oui nous sommes bien dans du délicieux artifice, du paradis plastique, du littéraire sans papier, du narratif hors les trames. Inlassablement je retombe dans l’hiver et je sens déjà qu’en l’été j’en nourrirai mes soirs de chaleur excessive. Bien sur ce néo folk des années 10 amène le souvenir de Santa Cruz, de Dark Dark Dark, de Moriarty, de toutes ces formations dans la veine du mélange du rural nord américain des pionniers du 19éme, à la nostalgie terrifiante d’une avantguerre des passions et des écorchures. Ce disque existe pour votre plus grand bien ; vous allez l’écouter et le réécouter au point de le connaître par cœur, et alors il vous accompagnera dans vos propres voyages, installé dans votre mémoire sans électricité et sans support.
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