Gihade Lagmiry : de la boxe aux urgences
Publié le 06-04-2017 09:20:35 Modifié le 06-04-2017 09:20:35
Championne de France de boxe anglaise, médecin urgentiste et maman, la Tourangelle Gihade Lagmiry a l’âme d’une combattante et les pieds sur terre.
La jeune femme vient de finir sa garde à Trousseau. Pendant vingt-quatre heures, la médecin du Centre de traitement et de régulation de l’alerte (Certa) de l’Indre-et-Loire a orienté les patients vers un spécialiste, déclenché une ambulance ou rassuré une personne dépressive. Prête à partir sur une intervention vitale à tout instant.
Fatiguée, elle rayonne pourtant ce matin dans son jean et son pull noirs, affichant un large sourire. « J’ai pu dormir une petite heure », se réjouit-elle, le regard direct et bienveillant. « J’ai hâte de rentrer chez moi », ajoute-t-elle. Elle dormira encore un peu, pendant que son fils est chez la nounou, puis partira courir, avant un nouvel entraînement à la salle de boxe ce soir.
Sacrée championne de France de boxe anglaise au Havre en février, la trentenaire n’espérait pas un si beau retour quand elle a repris les gants en septembre. Pourtant, à en croire son parcours, tout ce qu’elle veut vraiment, elle le décroche. « Quand j’étais petite, j’avais toujours mon stéthoscope autour du cou et une petite mallette rouge de médecin », rigole Gihade Lagmiry qui a grandi à Châteaudun en Eure-et-Loire.
Du jeu à la réalité, cette bavarde a déménagé, avec toute sa famille à Tours pour entrer à la Fac de médecine. Gihade Lagmiry arrête alors le hand pour se consacrer à ses études qu’elle réussit brillamment. « Ma mère ne voulait pas que j’aille aux rattrapages… » À 21 ans, elle découvre la boxe thaï avec son frère dans un club de La Riche. « J’ai accroché, pas lui. » André Macé, son entraîneur, se rend compte de ses capacités et l’amène à la boxe française. Poings et pieds alertes, elle remporte un premier titre de championne de France. Mais elle en veut plus et s’attaque à la boxe anglaise. En 2009, elle part avec son futur mari et nouvel entraîneur, Tony Geraldo au club de Chambray-les-Tours.
À coups de direct du droit et d’uppercut, elle remporte trois années de suite le championnat de France et participe au championnat du monde. Parallèlement, allier sport et travail se compliquent en internat de médecine. Une défaite contre une amie, le doute, elle dit stop en 2013 et fait le deuil de sa carrière sportive. Elle continue son bout de chemin entre les Urgences et le Certa, avant de remettre un pied sur le ring en septembre. Juste pour voir. Aujourd’hui, elle hésite entre arrêter le haut niveau car c’est une situation précaire, choisir de passer professionnelle, ou intégrer l’équipe de France pour « tâter l’international ».
Une chose est sûre, elle ne voudrait pas « baisser en performance » dans son métier qui lui procure à la fois l’adrénaline et la polyvalence ; et un sport qui la canalise, la pousse à aller à l’essentiel et lui offre une famille particulière. « Je suis peut-être trop gourmande, on verra ! ».
Portrait par Pauline Phouthonessy
Catégories : Sport