Grippe : une découverte-clé grâce à des chercheurs tourangeaux
Publié le 06-06-2022 17:07:33 Modifié le 06-06-2022 15:17:07
Des chercheurs de l’Inserm, de l’Université de Tours et du CHRU ont mis en évidence l'utilité d'une molécule qui s’annonce prometteuse pour lutter contre la grippe. Et bientôt un futur traitement innovant ?
Les faits
« Succinate » Ce petit nom, c’est celui d’un métabolite – une molécule – qui pourrait bien changer la donne en ce qui concerne la lutte contre la grippe. Et une découverte vient d’avoir lieu à Tours, plus précisément par des chercheurs de l’Inserm, de l’Université et du CHRU : c’est au Centre d’étude des pathologies respiratoires de Tours que des scientifiques ont montré que ledit succinate, habituellement présent dans notre organisme, avait une action antivirale et anti-inflammatoire face à la grippe.
Les résultats des travaux de Mustapha Si-Tahar, directeur de recherche à l’Inserm, et ses collègues ont été publiés dans le EMBO Journal, éminent bimensuel spécialisé dans la biologie moléculaire.
Les travaux
Pour résumer la chose simplement, les scientifiques ont découvert que chez des souris grippées, un métabolite (le succinate, donc) s’accumule dans les poumons. Il en va de même chez les patients humains atteints de pneumonie grippale.
En exposant des cellules de l’épithélium pulmonaire au succinate, cette molécule a une action antivirale. Et elle bloque la multiplication du virus grippal.
Autre découverte : quand on expose des souris au virus de la grippe, la réception de succinate par voie nasale assure une meilleure protection contre l’infection. Conclusion de Mustapha Si-Tahar, interrogé notamment par La Nouvelle République et Science & vie : « Le succinate a sauvé nos souris de la grippe ; il a donc le potentiel pour sauver les patients ! »
Le contexte
La grippe, effacée par son collègue Covid- 19, continue de toucher, en moyenne et chaque année, entre 2 et 6 millions de Français(es). Chez les plus fragiles, elle peut être mortelle. On estime à 12 000 le nombre de morts par an en France.
Et maintenant ?
Ces résultats prometteurs et cette découverte fondamentale sont une perspective intéressante : elles compléteraient déjà les traitements actuels. Il faut désormais mener d’autres travaux sur le potentiel thérapeutique du succinate. L’Agence nationale de la recherche vient ainsi d’allouer 600 000 € à l’équipe de chercheurs, accompagnés de partenaires, qui y travailleront ces quatre prochaines années.
Texte : Aurélien Germain / Photo : NR J.Pruvost