Il était une forêt : fable écolo touffue
Publié le 13-11-2013 11:00:18 Modifié le 05-04-2019 16:32:18
Il était une forêt, un documentaire dans lequel un botaniste nous raconte les forêts tropicales. Un film patrimonial poétique, militant et surprenant.
Faire d’un arbre le héros d’un film, le pari était osé. Mais c’était compter sans le grand talent du réalisateur de La Marche de l’empereur, loin d’être un manchot dans le domaine du documentaire. Dans Il était une forêt, Luc Jacquet embarque le spectateur dans les forêts tropicales, où il imprime sur pellicule l’épanouissement des arbres géants, leurs liens avec les plantes, les animaux, les insectes…
Il était une forêt est une réussite de bout en bout, alors que le pari technique était quasi impossible : comment être intéressant en filmant une forêt — immobile — alors que le cinéma est l’art du mouvement ? Comment réaliser pareil documentaire sur les arbres — verticaux — alors que l’image cinématographique est par définition horizontale ? Pour tout cela, le réalisateur s’est mis au service de Francis Hallé, botaniste spécialisé dans l’étude des forêts tropicales.
Jamais moralisateur
En immersion dans cet univers très vert, les deux écolos ont souhaité le faire partager au public, les forêts étant vouées à la disparition si l’Homme continue ses ravages. Car loin de n’être qu’un simple documentaire, Il était une forêt est aussi un film militant. Il suffit de voir cette triste scène d’arbres décapités, où le commentaire souligne à quel point l’être humain peut détruire en quelques minutes ce que la nature a mis des siècles à construire.
Mais jamais moralisateur, le discours se distille habilement dans certains plans, laissant au spectateur un message écolo, loin d’être pompeux. Le seul petit regret concerne une utilisation parfois abusive des images de synthèse, brisant un peu la beauté visuelle de l’ensemble, même si on comprend bien que ce procédé était obligatoire pour retracer sept siècles de croissance des arbres, des racines à la cime.
Son impressionnant
Pour le reste, filmé au Pérou ou encore au Gabon, le documentaire présente des images époustouflantes, magiques (cette séquence sous la pluie, splendide). Certains gros plans sont stupéfiants. Le tout, magnifié par un impressionnant travail sur le son (craquement des troncs, animaux qui mâchouillent des feuilles…), une jolie musique et narrration par la voix de Michel Papineschi, voix française de Robin Williams.
Avec des vues aériennes ou des plongées dans les tréfonds de la forêt, Luc Jacquet filme avec soin et une parfaite maîtrise cette vie invisible, sauvage, touchante, du microscopique au macroscopique. Ici, les arbres sont géants, il y a des « méchants » (parasites, insectes destructeurs) et des gentils (les fourmis), et des animaux somptueux (grenouille bleue et papillons multicolores), faisant d’Il était une forêt un véritable conte, comme son nom l’indique. Une très belle surprise.
Note : 3 étoiles (TOPissime)
Fiche technique – Il était une forêt. Documentaire de Luc Jacquet. France. Durée : 1 h 18. Scénario : Luc Jacquet, d’après une idée originale de Francis Hallé. Distributeur : The Walt Disney Company.
Catégories : Ecrans