Francis Renaud : "En France, on a beaucoup de gens doués"
Publié le 31-03-2015 19:21:40 Modifié le 05-04-2019 16:32:04
Francis Renaud est acteur, réalisateur, producteur et scénariste. Président du jury de Mauvais Genre cette année, il a pris le temps de nous parler, en direct de Bulgarie.
À l’heure du téléchargement et du streaming à tout va, c’est quoi le but, l’utilité d’un festival de cinéma ?
Faire rencontrer des réalisateurs, voir des films, rentrer dans des univers. Là, c’est du cinéma de genre, que j’adore. On peut porter un regard nouveau sur le cinéma, les images, les acteurs.
En quoi consiste votre rôle dans le jury ?
On va faire un travail sincère, rigoureux. C’est beaucoup de boulot. Il y a les films en compétition, hors-compétition mais qui sont tout aussi essentiels ! Je suis fier et content d’y participer. Je vais découvrir des films et les goûts du public. C’est lui, le jury le plus important.
D’ailleurs, quand vous regardez un film, c’est avec un œil de cinéaste ?
Ah non, surtout pas ! Au cinéma, je reste toujours spectateur. Je suis juste un mec normal qui regarde ! (rires)
On a parfois accusé le cinéma de genre de tous les maux. Vous en pensez quoi ?
Ces films participent à tellement de choses. On a besoin de frissonner, d’avoir peur. Je repense à l’Exorciste, que j’ai vu quand j’étais gamin… Le quotidien m’ennuie. Quand je vais au cinéma, ce n’est pas pour regarder cette même réalité ennuyeuse, comme c’est parfois le cas dans certains films d’auteur. Je veux m’échapper. J’ai rencontré des gens fantastiques et doués dans le cinéma de genre, comme sur le tournage de Mutants. Je pense aussi à Bustillo et Maury. Parfois, ça terrorise, réveille des pulsions, mais c’est un cinéma incroyable. Regardez Massacre à la tronçonneuse, Evil Dead. Moi, je m’en fous des Cahiers du cinéma…
Vous semblez avoir un lien privilégié avec ce cinéma là…
Certes, la majeure partie des réalisations vient des États-Unis, mais en France, même si les moyens sont moindres, on a beaucoup de gens doués. L’important, c’est de faire, d’écrire. Moi, je ne fais pas ce métier pour faire des entrées. Je suis loin du formatage. Il suffit de voir la télé et cette histoire de ménagère de moins de 50 ans : j’en ai marre qu’on prenne les gens pour des cons. Les spectateurs ne sont pas stupides. Il veulent du bon cinéma, des bons acteurs, de l’émotion. J’ai du mal à m’évader avec certains films refaits à l’infini, toujours avec les mêmes personnes…
Comme certains gros films français qui marchent…
Il y a une partie du cinéma français qui est arrogant, bourgeois, académique. J’aime le cinéma populaire, les Audiard, les Marchal. Ou Alexandre Aja, il est très fort, il a une patte. Il y a de l’onirisme, c’est beau. Comme dans la littérature, ce sont des contes, on rentre dans un univers.
Vous avez jeté un œil sur la programmation de Mauvais Genre ? (retrouvez notre dossier spécial par ici)
Un petit peu. Tout est super pro, la programmation est très belle. Mais je n’ai pas envie d’être influencé par les genres, les synopsis ! J’aime être surpris.
Propos recueillis par Aurélien Germain
>>Page allociné de Francis Renaud : filmographie et carrière