Jacques Vincey, Acte I, scène 1
Publié le 16-01-2014 07:30:42 Modifié le 05-04-2019 16:40:55
C'est le nouveau directeur du théâtre régional de Tours, le Nouvel Olympia. Portrait.
Il scrute, jauge derrière ses lunettes. Jacques Vincey fait une pause avant de répondre à chaque question. Ses mots sortent, lentement, ses longs doigts dressent dans l’air des lignes invisibles. À Tours depuis une semaine, il vient tout juste d’investir son bureau de directeur du Nouvel Olympia. Il reçoit dans la cafétéria du théâtre, en public. Jacques Vincey fait attention. « Je ne viens pas comme Zorro. » Il préfère se voir dans un rôle fédérateur que comme le pourfendeur de la politique du théâtre déjà mise en place.
Nommé le 1er janvier à la succession de Gilles Bouillon, le metteur en scène ne jubile pas. Il vient juste d’arriver, est en train de prendre la mesure de ce rôle qu’il a pensé depuis plusieurs années. Ce n’était pas la première fois qu’il postulait à la direction d’un théâtre. Il imagine le Centre dramatique régional de Tours comme un camp de base, comme il en existe en montagne. Un cœur qui bat et qui irrigue les différents vaisseaux, le reste de la région. Ses mains ondulent : « J’aimerais que le CDRT rayonne dans d’autres lieux, que des créations soient jouées en dehors de ce théâtre. »
Construire, toujours plus haut, « je veux encore élargir le public du théâtre, toucher celui qui n’ose pas franchir la porte d’un théâtre sans pour autant me couper de l’existant. » Pas de révolution théâtrale mais un enrichissement de l’existant, de l’exigence, de la précision, de l’ouverture. Jacques Vincey est souvent présenté comme un metteur en scène attaché au texte et au jeu. Ses mains s’agitent, il n’aime pas trop être enfermé dans cette case. Le metteur en scène a toujours peur du bavardage dans ses pièces. « Quand je crée, j’aiguise les questions que soulève le texte. J’aime aussi la surprise, l’inattendu. C’est ça, le théâtre, l’excitation que l’on ressent en voyant se dérouler une pièce, différente à chaque représentation. »
Le milieu du théâtre le scrute en ce moment, attend sa future création, sa programmation, son style, ses envies. Il ne souhaite pas tout livrer, pas maintenant. « La peur ? Elle paralyse. Avec mon expérience d’acteur et de metteur en scène, j’ai appris que pour lutter contre elle, il faut agir. »
+ Parcours
Parisien d’origine, il a passé son adolescence à Annecy. Le théâtre ? « J’ai le souvenir d’un prof de français qui m’a d’abord fait aimer la poésie et la littérature. » Après des études au conservatoire de Grenoble, il se lance dans une carrière d’acteur à Paris. Sobel, Cantarela, Pelly, Chéreau, il joue pour les plus grands.
+ Mise en scène
En 1995, il décide de créer sa compagnie Les Sirènes. « Devenir metteur en scène, pour moi, c’était faire le même métier mais en changeant d’angle de vue. » En 18 ans, il a monté du classique (La Vie est un rêve, de Caldéron), du tragique (Les Bonnes, de Jean Genet) ou encore des pièces pour les plus jeunes (L’Ombre, d’après le conte d’Andersen). Il a déjà l’idée du texte pour sa première création au Nouvel Olympia, la saison prochaine : Yvonne, princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz
+ Quoi de neuf ?
On attend toujours qu’un nouveau directeur apporte de nouvelles idées. S’il garde la troupe de jeunes comédiens mise en place par Gilles Bouillon, Jacques Vincey va accueillir deux artistes associés sur quatre ans : Alexis Armengol et Caroline Guila Nguyen.
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