Le Temps Machine souffle ses cinq bougies
Publié le 29-04-2016 09:36:29 Modifié le 29-04-2016 09:36:29
La scène de musiques actuelles (Smac) le Temps Machine à Joué-lès-Tours célèbre (déjà) ses cinq ans et organise une petite fête le 30 avril pour l’occasion.
Cinq ans. Le bébé a bien grandi. Il a appris à marcher, même s’il lui est arrivé de trébucher. Il trébuchera sûrement encore, car, comme dit le proverbe, « c’est comme ça qu’on apprend ». Les étapes de construction, d’installation et de mise en place sont terminées. Mais pour son prochain lustre, la salle devra s’attaquer à sa phase de développement, d’expansion…bref, grandir encore un peu. Pour affronter les nouveaux obstacles, Le Temps Machine a été remis entre les mains de l’ASSO. Quelle voie l’équipe veut-elle suivre pour relever ce nouveau défi ? Hugues Barbotin et Sébastien Chevrier, membres de la direction, nous répondent en trois questions.
Les Smac ont notamment comme mission de renforcer les relations avec les populations et les territoires. Quelle place le Temps Machine prévoit d’accorder à la scène locale ?
Sébastien Chevrier. La répartition actuelle des groupes se divise à peu près à 30 % de groupes locaux, 50 % de nationaux et 20 % de groupes internationaux. Pour les cinq ans à venir, cela devrait rester identique. Mais nous n’avons pas qu’une mission de diffusion. Le but est aussi d’accompagner les groupes locaux, en amont, car pour diffuser il faut avant tout créer. Par exemple, le personnel qui travaille ici est à disposition des artistes qui ont des projets sérieux pour répondre à toutes leurs interrogations sur les phases de développement des projets.
Hugues Barbotin. Beaucoup d’entre eux viennent aussi répéter ici ou s’enregistrer dans nos studios, qui sont moins chers que la moyenne (environ 3,50 € de l’heure) puisque nous avons une mission de service public. Le taux de remplissage est de 85 %. Certains artistes sont ensuite programmés au Club ou dans la grande salle, mais ce n’est pas une obligation.
Le Temps machine n’a pas toujours été un lieu très ouvert sur la programmation, quelle est /sera votre politique ?
Sébastien Chevrier. Cette question m’est posée très souvent (rires) et je le comprends. Mais juger ce qui a été fait avant – et qui a été l’étape la plus dure – n’est pas mon rôle : je suis ici pour imaginer le futur. Notre politique envisage plus d’ouverture et de curiosité, tout en restant réalistes : pour des raisons d’espace et de temps nous ne pouvons pas accueillir tout le monde. Il s’agit de trouver un équilibre : on peut avoir un lieu populaire et fréquenté tout en restant exigent. Nous défendons l’excellence pour le plus grand nombre.
Hugues Barbotin. Tous les styles de musique sont les bienvenus. Nous soutenons les artistes émergents, qu’ils soient en voie de professionnalisation ou pas. Il y a aussi des résidences d’artistes, environ trois fois par an, pour une durée de cinq à quinze jours. Ce ne sont pas que des artistes locaux.
Les subventions accordées au lieu ont baissé lors de la nouvelle délégation de service public. Quel sera votre nouveau modèle économique ?
Hugues Barbotin. Il faut le repenser complètement, puisque Tour(s)Plus a ôté du budget 60 000€, ce qui était prévu dans l’accord initial. La problématique est la suivante : le cahier des charges que nous devons remplir est toujours très conséquent (le lieu propose beaucoup d’activités), alors comment financer tout ça autrement ? Comme de nombreuses structures culturelles, nous avons commencé à travailler sur des partenariats privés et aussi sur une exploitation privée du lieu, par exemple en louant des espaces de temps en temps. Un poste est attribué à toutes les démarches concernant ces nouvelles formes de financement.
Sébastien Chevrier. Nous rationalisons l’effort public tout en sensibilisant les acteurs économiques locaux à l’importance de leur participation. Ils ne sont pas forcément sensibles à ce genre de musiques, mais il est primordial que chacun participe à la vitalité du territoire. Si des entreprises privées veulent bénéficier de nos espaces, cela y contribuera.
Propos recueillis par Julia Mariton