L'esport : c'est du sérieux en Touraine !
Publié le 11-05-2022 06:46:04 Modifié le 11-05-2022 11:32:03
Équipes sportives qui créent leur avatar esport, joueurs professionnels, chargés de communication… L’esport a le vent en poupe en Touraine, et c’est du sérieux.
En mars dernier, La Parenthèse de Ballan-Miré affichait complet pour ses trois tournois d’esport avec récompenses à la clé, durant les Gaming Days. Les personnels avaient dû tirer au sort les 96 joueurs, parmi 350 candidats. Un joueur a même fait le déplacement d’Orléans. « Il y a assez peu de tournois grand public en France, ce qui peut expliquer ce succès », nous dit Victor Simon, référent numérique de la médiathèque, qui organisera désormais un tournoi par trimestre.
Un succès peu étonnant lorsqu’on jette un œil aux résultats du baromètre Esport 2021, commandé par l’association France esports : 19 % des internautes de plus de quinze ans seraient spectateurs ou joueurs d’esports, soit plus de 9 millions de Français. Parmi eux, 1,6 million de personnes seraient joueuses d’esport en amateur.
Pas question d’être affalé au fond du canapé pour papoter avec les copains par jeu interposé : on parle là des joueurs qui s’inscrivent à des compétitions, avec confrontation et classement final.
Quand le sport rencontre l’esport
Au club de hockey-sur-glace des Remparts de Tours, certains joueurs sont éparpillés aux quatre coins de la France. Ils sont hockeyeurs… virtuels. « Nous sommes neuf, et nous participons à la ECL (European Championship League) en équipe de six, ce qui nous permet de nous relayer selon nos disponibilités », explique Geoffrey Baratto, gardien des eRemparts, et chargé de communication de l’équipe.
Des entraînements hebdomadaires pour mettre en place des réflexes de jeu et des combinaisons, des périodes intensives à raison de deux ou trois soirs par semaine durant les phases de championnat ECL…
« Je vous assure qu’après une soirée de matchs, on est épuisés physiquement et mentalement ! » raconte le joueur. Et encore, il joue en amateur : « les joueurs pros ont souvent un programme alimentaire, un entraînement mental et physique, une discipline de fer ».
Pour Sylvain Taillandier, qui gère la communication du club des Remparts, l’esport est une opportunité : « bien sûr que l’esport est un sport ! C’est une question qu’on ne se posera plus dans quelques années. Et pour le club, c’est un axe de développement comme un autre, au même titre que l’équipe féminine ou le handisport. Avec les eRemparts, seule la glace est virtuelle ».
Notoriété, nouveaux publics, partenariats… Les avantages sont nombreux pour le club tourangeau, dont l’équipe esport joue déjà sa troisième saison en ECL, et accède pour la deuxième fois aux play-offs. Un beau succès, et peut-être une montée en division « Lite » (on n’a pas tout suivi sur les divisions – notre côté nuls en maths -, mais apparemment c’est très bien). Ces ehockeyeurs ne sont pas rémunérés. Ce n’est pas le cas des joueurs professionnels de Solary, arrivés en Touraine en 2018 après avoir découvert la ville lors des DreamHack. Ces tournois gigantesques au Vinci ou au Parc Expo ont fait briller la Touraine à l’international.
Déclencheur ou conséquence, une chose est sûre, ces événements ont révélé le potentiel local. « Il existe une vraie économie de l’esport en Touraine, et la CCI cherche à sensibiliser les acteurs économiques à ce sujet depuis 2018 », explique Magali Aveline, responsable esport et divertissement numérique à la CCI. Solary, WSC, Breakflip, Malorian, Connectesport, Need for seat, ESL… Ces noms d’entreprises, c’est peut-être du chinois pour vous, mais pour les pros du domaine, ça veut dire beaucoup !
Dernière nouveauté en date, la création d’une formation « chargé de communication esport » au Cefim. Quatorze étudiants l’ont suivie l’an dernier, et continuent l’aventure avec leur association OneShot. Pour Noémie Chamblet, jeune diplômée, « l’esport se structure en France depuis une vingtaine d’années, il y a donc tout à créer ! Le secteur n’est pas normé comme d’autres, on peut innover, avoir une vraie liberté en communication ».
Eh oui ! Autour des gamers toute une galaxie de métiers se met en place ! « L’esport ne fait plus sourire aujourd’hui, et la Touraine fait partie des régions qui se mobilisent pour développer le secteur », complète Magali Aveline. Autour du jeu, c’est du sérieux !
Texte : Maud Martinez / Photos : archives NR Julien Pruvost / Guillaume Souvant / Dreamhack Tours