Livreur Uber Eats : "Les gens nous appellent quand c'est galère de sortir"
Publié le 05-09-2019 09:44:14 Modifié le 05-09-2019 09:47:13
#VisMaVille Depuis cet été, Nima* travaille pour la plateforme Uber Eats en tant que livreur de repas à domicile. L’objectif pour cet étudiant sportif ? Augmenter ses revenus en pédalant, même si l’été, les commandes se font plutôt rares.
Assis sur une marche, dans une ruelle du Vieux Tours, Nima* attend sa commande aux côtés d’une dizaine d’autres livreurs.
Baskets aux pieds, vélo prêt à démarrer, le jeune homme âgé d’à peine 20 ans, prend son mal en patience, son téléphone portable incrusté dans la main.
C’est ce smartphone qui lui indiquera le restaurant où il devra, ni une ni deux, aller chercher un repas pour ensuite le livrer.
Cet été, cet étudiant des Tanneurs a débuté son travail pour Uber Eats. Boursier, animateur durant les vacances, ce sportif positif a trouvé grâce à ce job le moyen « de se faire un billet à tout moment ».
Contrairement à nombre de ses collègues, pour qui la livraison à domicile est un travail vital, à l’année, parfois 7 jours sur 7, c’est un plus pour Nima. « J’ai créé mon statut d’auto- entrepreneur, je travaille pour Uber Eats quand j’ai le temps », explique-t-il simplement.
« Pour être livreur, il faut un bon vélo ; moi, on m’en a prêté un, tout comme le sac Uber Eats, pour lequel j’aurais dû laisser une caution de 120 €. Je suis en mode dépannage ! » plaisante-til. En un clic, une fois connecté, le jeune homme est géolocalisé et peut dès lors être sollicité à tout moment.
Ou pas. Car les temps d’attente pour ces travailleurs précaires, dont le nombre augmente, sont parfois très longs. « Les gens nous appellent plutôt quand c’est galère de sortir, analyse Nima. Comme par exemple, en hiver, lorsqu’il fait trop froid ou qu’il pleut… ».
Sans compter que l’algorithme qui dispatche les commandes à ces coursiers reste un vrai mystère. « Si je ne me connecte pas durant deux jours, mes commandes baissent » souffle d’ailleurs l’un d’entre eux.
Ses horaires ? « En attendant la rentrée, je travaille de 11 à 14 heures et le soir de 19 h à minuit, détaille-t-il. Si cela marche bien, je peux continuer jusqu’à 2 heures. Si cela ne marche pas, je peux rentrer vers 22 heures ». Chaque course lui rapporte en moyenne 5 €, soit 2,50 € minimum par commande, à quoi s’ajoutent 1,30 € par kilomètre parcouru (aller) et 1 € à la livraison.
« Une soirée, je n’ai eu que des commandes en haut de la Tranchée, se souvient-il. À la fin, j’ai poussé mon vélo. Je n’en pouvais plus. »
Les mauvais jours, les commandes et le nombre d’euros gagnés se comptent sur les doigts d’une main.
*Le prénom a été modifié
Flore Mabilleau