Luc Langevin : illusion et téléportation
Publié le 24-04-2019 07:52:47 Modifié le 29-04-2019 18:02:49
Luc Langevin, maître québécois de l’illusion, débarque à Tours le 2 mai prochain pour son nouveau spectacle. Tmv a parlé magie, sciences et téléportation avec lui. Rencontre.
Plus jeune, vous étiez intéressé par les sciences physiques. Et vous avez une formation en biophotonique (utilisation de la lumière pour modifier des objets biologiques – NDLR). Est-ce que cela a eu une influence sur votre travail ?
Absolument et de plusieurs façons. Attention, ça va être long ! (rires) J’ai attrapé cette passion pour la science à 12 ans. Et tout jeune déjà, je souhaitais être illusionniste. Mes parents n’étaient pas forcément d’accord et voulaient que je fasse des études plus sérieuses. J’avais de bonnes notes en maths, j’aime comprendre et j’aime la science. J’étais donc frustré par certains tours de magie, car je cherchais à les comprendre. À 17 ans, j’ai commencé à mélanger phénomènes scientifiques et tours basés sur la magie.
À 21 ans, je parlais science en même temps : j’abordais le sujet de la gravité pour être plus crédible et que mes tours soient moins infantilisant. Je ne voulais pas jouer le truc du « poudre de perlimpinpin » et compagnie. Puis à 24 ans, mon producteur télé à Montréal m’a lancé dans une aventure où je réalisais des tours dans la rue. Et j’ai insisté sur ma signature scientifique. D’ailleurs, mon surnom dans l’émission Diversion (sur TF1 avec Arthur – NDLR) est Le Scientifique. Je ne suis pas contre la magie pour enfants hein… Mais le côté lapin qui sort du chapeau, ce n’est pas moi. D’où l’appellation « illusionniste ».
Transition toute trouvée à ma question : vous vous présentez comme créateur d’illusion. Le terme magicien vous dérange ?
Non, ça ne me gêne pas. Mais dans l’imaginaire collectif, il a encore une connotation un peu ringarde. Dans un de mes premiers numéros diffusés, je sortais d’une télévision. Je suis un créateur d’illusion.
En France, on vous a découvert aux côtés de Gus et Viktor Vincent dans les émissions d’Arthur. Comment s’est faite la rencontre ?
En 2016. Cela faisait 3, 4 ans que j’essayais de percer en France. J’ai démarché pas mal de télés avec mon producteur, mais pas grand monde ne voulait de magie à cette époque. On a donc produit notre propre contenu sur YouTube. L’une des vidéos, où je réalisais un tour avec Rayane Bensetti, est devenue virale et compte plus de 3,6 millions de vues. Arthur est tombé dessus ; il voulait dépoussiérer l’image de la magie, la rendre plus moderne. Il a pris le risque.
Vous possédez énormément de numéros. Où trouver tant d’inspiration ?
Le plus dur est de se renouveler. J’ai tourné pendant 10 ans au Canada. Avec le succès, j’étais devenu une machine à créer des numéros : j’en ai fait plus de 400 à la télé. Après, j’ai commencé à davantage les travailler, y mettre plus d’histoire. J’en suis à 500 désormais. Mais j’ai également acheté des tours à des magiciens – ça se fait souvent – que j’ai modifiés à ma sauce et avec ma signature.
L’illusion, c’est aussi et surtout de la diversion. Un illusionniste doit-il être beau parleur ?
Alors ça, c’est une question intéressante ! (rires) Il y a différentes façons de détourner l’attention. Être beau parleur peut aider, oui… (sourire) Il faut du charisme, de l’aisance, capter le regard. Mais aussi de la rapidité. L’humour également peut être une bonne façon de détourner l’attention. Après – je m’égare de la question là – je dois dire que l’humour est une question culturelle. On réagit différemment entre le Québec et la France.
Les Français sont plus fermés ?
Non, ils cherchent beaucoup à comprendre. Un peu comme savoir comment sont faits les effets spéciaux au cinéma ! Les Français sont sensibles à la poésie d’un numéro, au sous-texte, à la symbolique. Je travaille beaucoup dessus.
Vous préférez le close-up et sa magie de proximité ? Ou les gros numéros hollywoodiens sur scène ?
J’aime les deux. Le close-up ne coûte pas cher ! (rires) J’aime l’échange avec les personnes que ça implique. Mais la scène, j’adore aussi… La réaction de 1 000 personnes, c’est fou. En revanche, le défi est différent. Pour le close-up, il faut être très précis et à l’écoute.
Le prestidigitateur Michel Cailloux était votre idole…
J’ai eu l’immense honneur de le rencontrer. C’était quelques jours avant son décès… (en 2012 – NDLR). J’ai encore des frissons rien que d’en parler. J’ai reçu un appel d’un numéro que je ne connaissais pas. En décrochant, j’ai immédiatement reconnu sa voix. Il m’a félicité pour mes spectacles et je lui ai dit que je lui devais quasiment tout. C’est lui qui a fait usage de la poudre de perlimpinpin ! Il a eu une grosse influence sur moi. On a beaucoup parlé, notamment sur les textes ; c’était un auteur.
Et enfin, la question promo ! Le 2 mai, vous serez à Tours pour votre spectacle « Maintenant, demain ». À quoi s’attendre ?
(rires) C’est un spectacle loin d’être conventionnel ! Là, si vous n’avez jamais vu de magie, vous serez conquis. On est bluffés, on rit, il y a de la poésie, des histoires, un propos conducteur : ce sont douze illusions à travers un fil conducteur, où je raconte qu’à 30 ans, j’avais déjà réalisé tous mes rêves d’enfant… mais on ne connaît jamais l’avenir. C’est un moment pour toute la famille, je fais même monter un enfant sur scène. Et il y a bien sûr le numéro final, dont tout le monde parle, où quelqu’un du public se retrouve téléporté ! Je dis même aux gens qu’ils peuvent filmer eux-mêmes une fois dans la boîte. Au final, ils ne savent quand même pas comment a pu se faire la téléportation.
> Luc Langevin, le 2 mai à 20 h, au Palais des congrès Vinci de Tours. À partir de 35 €.