Mickaël Delalande et son fil de fer, un artiste pas comme les autres
Publié le 12-12-2024 13:17:29 Modifié le 11-12-2024 10:27:49
#VisMaVille Le fil de fer qui ne lui résiste pas : Mickaël Delalande en fait des sculptures fines à découvrir dans sa toute nouvelle boutique-atelier Stolbo.
À ceux qui vous disent que procrastiner ne mène à rien, donnez en exemple Mickaël Delalande. Pourquoi ? Tout simplement car la boutique-atelier qu’il a ouverte il y a quelques semaines, rue des Déportés, est le fruit d’une pratique artistique démarrée il y a plusieurs années, un jour de procrastination face à son écran d’ordinateur.
À l’époque graphiste, il s’amuse avec tout ce qui peut le distraire autour de lui pour ne pas bosser. Si vous avez le chic pour faire des guirlandes de trombones, lui a jeté son dévolu sur du fil de fer auquel il a bien vite donné vie. C’est d’ailleurs ce qui le passionne encore aujourd’hui, « voir quelque chose se créer sous mes mains, en 3D ».
Sa matière première ? Du fil de fer recuit, plus malléable que celui qu’on trouve dans notre magasin de bricolage. Il en manipule des bobines aux diamètres variés, pour créer à force de nœuds, pliages et torsions avec ses mains et sa pince, des animaux, objets ou mots à poser, accrocher ou suspendre.
Poissons au look flamboyant et oiseaux malicieux nés de son imagination volent ainsi dans les airs de Stolbo. Ne cherchez pas la traduction en suédois, même si notre graphiste est un jour passé par l’enseigne jaune et bleue. Ce nom fait référence à sa grand-mère qui râlait dans sa langue natale sur le bazar de ses petits-enfants, qu’elle appelait « stolbo » (elle disait sans doute « estorbo », les obstacles, tout ce qui gêne le passage en espagnol).
Un coup d’œil autour de nous : point de bazar, tout juste quelques fils qui traînent sur l’établi. Les lignes épurées des sculptures en fil de fer se projettent sur les murs blancs. C’est l’une des révélations des oeuvres de Mickaël Delalande : savamment éclairées, elles habillent aussi les murs à la manière d’ombres chinoises aux traits fins.
À peine apprivoise-t-on son travail qu’il sort de sa boutique comme un diable sort de sa boîte : « Certains passants sont attirés par la devanture. Quand je vois qu’ils y restent quelques secondes, je sors pour les inviter à entrer, ou leur donner un flyer. J’ai l’impression qu’il y a toujours une timidité et des a priori par rapport à l’art et aux galeries, on n’ose pas entrer. »
Alors c’est lui qui sort à leur rencontre, en douceur et avec le sourire, dans le seul but de leur faire découvrir son travail. Échanger, rencontrer, partager sont les verbes qui tissent son parcours, que ce soit avec la grand-mère qui tricotait à côté de lui dans un camping familial cet été, ou avec les badauds tourangeaux.
Nous voilà à reprendre le fil de la conversation, où l’on dénude les motivations de l’artiste qui a lâché son temps partiel pour être à 100 % sur ce projet. Problèmes de dos et local idéal l’ont décidé, pour « ne pas regretter de n’avoir pas essayé, et ne plus me sentir frustré ». Depuis à peine un mois il a donc sauté dans le grain bain, seul capitaine à bord de Stolbo. Et pour l’instant, aucun regret à l’horizon.
Emilie Mendonça