Mikrokosmos & Meredith Monk, Santa Cruz : Are You Experienced ?
Publié le 02-06-2014 16:13:05 Modifié le 05-04-2019 16:40:47
Doc Pilot vous embarque dans son voyage culturel de la semaine.
Rue de Buffon le hasard de la circulation et d’un feu rouge de colère ; je tombe nez à nez avec le Taureau-réservoir de Jean-Marc Vuillaume installé dans la vitrine de l’antiquaire : l’homme vrai donne vie au rebut et à l’inanimé… Le Florilège Vocal de Tours est une institution, et ce vendredi en l’Opéra de Tours il nous gâte avec la rencontre entre Mikrokosmos et Meredith Monk. Je connais la dame par ses enregistrements sur ECM, une utilisation de la voix totalement novatrice, une vie consacrée à repousser les limites de la chair et du vent, une alliance universelle et avant-gardiste exprimée dans cette collaboration avec le chœur de solistes à la notoriété planétaire. A 72 ans l’artiste reste le moteur de son concept, la directrice absolue de l’interprétation de ses œuvres, une sélection allant de 1969 à 2005, un « florilège » vocal des XXe et XXIe siècles. Un Loïc Pierre passionné introduit le propos, nous invite au voyage, donne du sens à l’expérience, intense. Nous sommes face et dans le chef d’œuvre, la présence de la créatrice en bonus et la sensation de vivre un instant privilégié, l’art choral étendu des origines au futur dans ce Retour à la Terre : une expérience à oser, tenter, intégrer et déguster.
Il faut le dire, seule la production indé ose la survie discographique, à croire l’omniprésente gratuité de la musique un frein à la volonté des décideurs à investir dans cet objet ; Santa Cruz le groupe de Rennes semble l’avoir compris dix ans avant l’heure, optant pour une totale liberté de choix et de production… Ils sont en concert ce soir dans la grande salle du Temps Machine, pas sur la scène non, mais au centre de la salle et installée en un cercle fermé autour duquel nous nous installons à notre convenance, debout, assis, couchés, à l’indienne autour du feu de camp virtuel de leur musique humaine, utile et régénératrice. Pour une heure nous sommes de leur tribu, en relecture totale et décomplexée du folk américain, embarqués, rassurés, heureux d’avoir pu participer à cette expérience… Il me revient le souvenir de Dark Dark Dark au même endroit, et cette sensation de bonheur et d’apaisement rencontrée à l’écoute des gens vrais. J’ai acheté un disque de Santa Cruz qui depuis chez moi passe en boucle…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=P302dxG7f9I[/youtube]
Au Temps Machine en deuxième partie de soirée il y avait ce groupe de Caen au nom impossible et craquant : Jesus Christ Fashion Barbe. Là nous sommes face à de la musique électrique, physique, technique, voire diabolique, l’opposé total au groupe précédent et c’est du pur bonheur de se laisser aller dans ce melting-pot d’influences : Smith, Joy Division, talking Heads, Byrds, King crimson ( hé oui), Eno, Jefferson Airplane… Bien sur je parle de groupes d’une autre génération, et eux sont tout simplement dans leur temps, pur produit culturel et émotionnel d’une époque où 50 ans d’expériences se culbutent, décantent pour laisser le meilleur et la Cream. Le bassiste use de sa Rickenbacker d’une manière très soliste, sorte de mélange entre Lemmy et Chris Squire ; il y a des mélodies, des harmonies vocales à la Crosby and co, du beau et de la technique. Si ce groupe ne devient pas connu dans les deux ans, je me laisse pousser la barbe !!! En Vitiloire, nous osons d’autres expériences, le verre en main optons pour une visite guidée des Coteaux du Layon : c’est très psychédélique…
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=ZGCbtLIK1GE[/youtube]
En route pour Chédigny pour Le Festival des Roses, du Dylan dans l’habitacle… Dans les rues bondées Jacques Moury Beauchamps et Jorg Petersmann balancent du blues racine à l’ancienne, sans amplification. Plus loin, Jean-Luc Capozzo souffle du bugle sur un orgue de Barbarie, les anciens de Bel Air font dans le jazz cool… Et oui, moi les roses je préfère les écouter, et puis c’est au bras d’une jolie rose que je déambule dans cette campagne, alors même la Pierre de Ronsard ne me fait guère d’effet… Au soir, c’est éclate devant le petit écran un verre de Fronton à la main (ben ouè) : Toulon gagne et j’applaudis, un peu de mon cœur étant resté depuis longtemps au pied du Mont Faron.
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