« Mon fils a guéri grâce aux blouses roses »
Publié le 16-01-2019 15:35:42 Modifié le 16-01-2019 15:35:42
#EPJTMV Blouses blanches, blouses bleues, blouses roses, … On s’y perdrait ? Pas tellement, les blouses roses sont reconnaissables par le cœur orange brodé sur leur blouse couleur framboise. Vous avez le tournis ? On vous explique.
« Les enfants ont une force mentale que nous sous-estimons, reconnait Catherine Fournier, les trois quarts du temps, ce sont eux qui rassurent leurs parents quand ils sont hospitalisés ». Catherine Fournier est une « blouse rose ».
Vous savez ces femmes habillées en rose qui vous ont sûrement proposé des jeux dans les salles d’attente de Clocheville lorsque vous étiez petits ? Ce moment où vous attendiez depuis deux heures et que chaque sourire apporté par ces femmes était une dose de bonheur inimaginable qui vous faisait oublier votre douleur au lobe droit. Tout ça à cause de votre voisin de classe qui ne maîtrisait pas encore parfaitement l’art du découpage…
« Tu veux faire un puzzle avec moi mon bonhomme ? », demande Martine Antoine. Bon, en théorie vous répondez non car le puzzle ne rentre pas dans vos hobbies et à ce moment très précis vous n’avez envie que d’une chose : vous faire soigner et rentrer à la maison. Mais ce jour-là, vous dites oui. Oui, parce que ça fait passer le temps. Oui, parce que cette dame en rose a très l’air gentille. Oui parce qu’à par regarder Gulli à la télévision vous n’avez rien d’autre à faire. Et puis tout compte fait, c’est quand même sympa les puzzles : vous vous en rendez compte grâce aux « blouses roses ».
Mais qui sont vraiment ces femmes ? Pourquoi sont-elles toujours là quand il faut ? À Tours, les « blouses roses » sont environ 160 (avec pas plus de dix hommes). En France, l’association compte 3 000 bénévoles. Leurs missions sont diverses : renseigner, aider, occuper, accompagner. Des verbes d’action qui résonnent dans plusieurs lieux tourangeaux. À Clocheville, les « blouses roses » occupent les enfants dans les services comme la chirurgie, l’orthopédie, la radio et les urgences par des jeux de société, des activités manuelles ou des lectures. D’autres passent du temps dans les maisons de retraite. Les bénévoles tiennent aussi compagnie aux femmes alitées ayant une grossesse compliquée, à Bretonneau, en proposant du tricot ou de la broderie.
« On se sent vraiment utile, finalement »
En franchissant la porte de l’accueil de l’hôpital de Clocheville, vous ne pouvez pas manquer les regards de Catherine Fournier, 63 ans, et Christine Jagueneau, 60 ans. Ces deux retraitées sont derrière leur table (rose, bien évidemment), pour rassurer les parents perdus, les orienter dans les différents services et discuter avec les enfants qui s’ennuient.
Ce jour-là, en trois heures, ces deux femmes ont renseigné soixante-dix personnes. « Depuis qu’ils ont supprimé l’accueil, on occupe ce rôle. Se repérer dans un hôpital est toujours compliqué donc on les aide », explique Catherine Fournier, « blouses roses » depuis 2007. « On se sent vraiment utile, finalement », renchérit Christine Jagueneau, membre l’association depuis décembre 2018.
Retraitée depuis un an, cette dernière avait envie de s’investir pour les autres. Les « blouses roses » répondaient parfaitement à ses attentes. « Pour entrer dans l’association, on a une réunion d’information puis un rendez-vous spécialisé. Après on suit un ‘’parcours découverte’’ où on travaille dans les tous les types de services. Puis on choisit ce qu’on préfère ». Parfois, certains volontaires ne sont pas retenus, « certaines personnes sont trop fragiles psychologiquement », précise Catherine Fournier. Elle même a vu des jeunes très malades, ce qui l’a touchée et forgée à la fois. « Les enfants ont une force de caractère qu’on finit par admirer », s’enthousiasme-t-elle.
« Le climat est plus apaisé quand elles sont là »
À l’heure du gouter, roulement dans le service et deux nouvelles « blouses roses » poussent un gros charriot rempli de jeux de société jusque dans la salle d’attente des urgences. Les enfants ouvrent grands les yeux et oublient tout à coup leur lobe droit. Des puzzles, des coloriages, des jeux envahissent les deux tables basses. Certains timides, certains assurés, d’autres à moitié endormis, les enfants se regroupent autour des différentes activités. Les « blouses roses » sont un réel soutien pour le corps hospitalier. « Le climat est plus apaisé quand elles sont là, les parents sont plus agréables et patients », explique Magalie Neveu, puéricultrice depuis plus de quinze ans.
Allissya, 7 ans, commence le puzzle d’Anna de La Reine des Neiges (vous savez, le dessin animé que votre petite-cousine adore mais avec une chanson qui vous libère, et vous délivre… de rien, à part l’avoir dans la tête). Sans voix, la petite fille répond aux questions en hochant de la tête. Retranscrit en mots ça pourrait donner : « Je me suis fait mal à l’école, je suis tombée. Mais là je n’ai pas trop mal donc je peux faire le puzzle d’Anna car je l’aime beaucoup ». Sur le banc derrière elle, sa mère sourit aux dames qui s’occupent de sa fille. Ces bénévoles, Sandra Damart les connaît très bien, grâce son fils. « Les blouses roses sont extrêmement utiles. En trois années de vie, mon fils n’est resté que trois mois à la maison. À la naissance, il ne respirait pas donc il a beaucoup vécu à l’hôpital. Les « blouses roses » ont été très présentes avec lui. Ce sont en partie grâce à elles qu’il est guéri aujourd’hui ».
Sur les coups de 19h30, dernier roulement. Les bénévoles marchands de sable entrent en scène et lisent une histoire aux enfants qui s’endorment paisiblement dans leur chambre avant d’affronter une nouvelle journée d’hospitalisation, aux côtés des « blouses roses ».
Salomé Raoult
Photos : Eléa Chevillard
[#EPJTMV / Cet article fait partie du numéro 321 de tmv, entièrement réalisé par les étudiant(e)s de 2e année en journalisme de Tours]
Catégories : News