Musiques actuelles à Tours : du studio à la scène
Publié le 14-11-2024 08:34:47 Modifié le 14-11-2024 10:09:28
Plongée en musique et sans fausses notes (du moins on l’espère !) dans l’univers des musiques actuelles à Tours, sur le versant des amateurs passionnés et des futurs pros tourangeaux. Dans la pratique, c’est comment ?
Puisque ses camarades de jeu sont en retard, Fred, batteur passionné, attend à quelques mètres de l’entrée de Tempo Loco. Ici vers les Deux-Lions, depuis 2001, la Ville de Tours met à disposition des groupes quatre studios de répétition, et un studio d’enregistrement. Pour 17 € pour 2 h, vous pouvez profiter d’un local insonorisé, équipé d’amplis, batteries et micros. Et on ne risque pas de déranger les voisins. En tout cas, les cygnes se baladant sur le Cher ne se sont pas plaints.
Pour Fred et ses deux compères, c’est aujourd’hui la deuxième répétition, après une rencontre par petites annonces. A notre connaissance, pas encore de Tinder des musiciens, mais quelques sites spécialisés et le bon vieux bout de papier accroché à l’accueil de lieux comme celui-ci.
On en retrouve dans le coin bar des studios de La Perrée, à Mettray. Stéphane, guitariste qui y répète une fois par semaine avec son groupe de reprise pop-rock Bakus, nous le confirme : « Le groupe existe depuis une dizaine d’années et a pas mal évolué. Quand on a eu besoin de nouveaux musiciens, ça s’est souvent fait par connaissances, ne serait-ce qu’ici où 400 adhérents se croisent au fil de l’année, ou par petites annonces sur le web. »
Quant au choix du studio, chacun ses préférences, mais une évidence : « Pour répéter il faut de la place, et dès que vous avez un batteur dans un groupe, il faut habiter au milieu de nulle part ou avoir des voisins très conciliants ! », dit en souriant Stéphane. Sauf si l’un des membres du groupe aménage sa cave en home-studio avec batterie électronique…
Tempo Loco a donc quatre studios de répèt’, Le Temps Machine à Joué-lès-Tours en a trois, Concept Prod à Tours Nord en propose deux, et La Perrée cinq… Les studios de répétition à louer ayant pignon sur rue ne sont pas si nombreux si on estime à plus de 300 le nombre de musiciens pros en Touraine, sans compter les musiciens du dimanche !
Anticiper pour réserver
Le compte y est-il ? Il faut en tout cas patienter, anticiper pour réserver et pouvoir répéter… Ou même enregistrer, puisque c’est possible dans ces studios, avec l’appui d’un ingénieur du son. Les pros en journée, les amateurs en soirée, des artistes venus d’ailleurs qui se posent quelques heures pour travailler : tout un petit monde de musiciens en tous genres et de tous âges se croise dans ces lieux toute l’année !
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Pourquoi répéter une fois par semaine ? Stéphane (groupe Bakus) nous le dit : pour le plaisir ! À une nuance près : « Nous n’avons pas vocation à devenir des pros, mais nous faisons un concert par mois à peu près. C’est payé, pour ne pas faire de concurrence déloyale aux pros, et pour qu’on finance nos achats et la location du studio. Et ça évite que le projet s’essouffle : avec des dates dans les bars ou des événements privés, on a des objectifs et de la nouveauté. »
Mais trouver des lieux où jouer n’est pas si aisé, entre risques de nuisances sonores et espace peu adapté dans les bars, et danger de louer une salle de spectacle où il faudrait attirer du monde sur son seul nom.
Et puis il y a l’objectif final pour certains : la professionnalisation. Le groupe de pop rock indé Tea Steam veut donc délaisser les bars car « y jouer (sans être déclarés), ça ne donne pas forcément une image très positive aux pros du milieu, donc nous essayons de développer notre réseau pour toucher d’autres lieux », explique Florian, membre de ce quartet à découvrir. Pas simple…
En tout cas, une chose est sûre : sur les soirées jams, chacun peut venir jouer ! Au bar Le Strapontin une ou deux fois par semaine, au Bateau Ivre ponctuellement avec le collectif 78/80, ou un mardi par mois à l’Oxford, on y croise des amateurs passionnés, de futurs pros qui font leurs classes à Jazz à Tours ou Tous en Scène, des vieux briscards qui viennent s’y amuser… Pour Rémy et Théo, qui organisent le rendez-vous de l’Oxford, une seule priorité pour eux comme pour les participants et simples spectateurs : « Partager un bon moment, en jouant et en prenant plaisir à voir les autres jouer. »
Textes et photos : Emilie Mendonça (excepté ouverture Adobe Stock)