N'est pas Padawin qui veut
Publié le 26-05-2014 16:49:58 Modifié le 05-04-2019 16:40:47
Chaque semaine, Doc Pilot part à la recherche de la moindre expo, concert...
Vous le savez peut être, j’écoute beaucoup de musique et de toutes les tribus et je me fixe souvent dans un créneau dont j’use et abuse à en écœurer mon entourage. Cette semaine ce fut la musique soul noire et ses dérivés, de Otis et Aretha à Donna et Gloria en passant par Wilson et Stevie ( ben oué si tu connais pas les noms c’est que tu connais pas le style)… Et puis arrive au courrier un CD sans point commun avec mon pain quotidien, et c’est la douce ivresse de la découverte et de la différence, de l’aventure et de l’infidélité ludique par le saut dans l’univers de Dominique Lemaître, compositeur contemporain associé dans cet opus à l’ Atelier Musical de Touraine. Sous l’influence assumée de Debussy, Berio et Ravel, il ose exporter en hommage les influences précitées pour évoluer le concept vers un univers apaisé mais passionné, voire à mon oreille iconoclaste dans ce Trois Chants de l’Évidence. Je conseille ce disque à ceux qui sont en demande de dépaysement, de l’axe omniprésent imposé pour et par le nombre. Certes il faut parler de niche pour l’espace où travaille cet artiste, mais une niche au-delà du temps, des modes et des frontières à la manière d’un esperanto musical capable de réjouir l’innocent découvreur qui osera Et Le Soleil Comme Désir…
Rue des Halles s’ouvre l’Echoppe Ephémère, une audace d’entreprise nécessaire pour transcender les difficultés d’entreprendre ; il s’y trouve Charlotte Barfuss modiste psychédélique et chanteuse ; ben oui, on a le droit d’avoir plusieurs casquettes… ou chapeaux… A la radio, Theodore, Paul & Gabriel joue une version du Mercedes Benz de Janis Joplin ; j’aime bien ce groupe de…. trois filles!!… Aux Trois Orfèvres, un tremplin donne l’alibi de (re)découvrir, trois groupes du coin ; d’abord Johnson Concorde, sorte de rock concept glitter à la mise en scène zappaïenne, empruntant autant à T-Rex qu’à Brecht pour un rockopera de 4 sous haut en gueule et en images : c’est fort et c’est beau si tu aimes le second degré ; à la suite Tom Bailey & the Makers sonne Tamla dans la forme et Prince dans le fond, un peu comme si Tom digérait les mêmes influences que le Génial pour aboutir à une relecture originale des standards : sa version de Marvin Gaye est tout sauf ridicule, et il y a Stéphane aux drums, l’incontournable… Pour finir, un groupe à peine sorti de l’œuf, Tobassi, pour une musique de passion servie par de bons musiciens dont un exceptionnel saxo/flutiste et un trompettiste inspiré, et les mots habités d’un chanteur/clameur à la gueule de soulstar !!! Qui a gagné ce tremplin !? Je ne sais pas, je m’en fous, tous bons…
En Arcades Institute exposition des photos de Karine Guilbert, fortes images d’un voyage en Indes, des gueules, de la tragédie et de la joie dans des plans esthétiques et sans artifice. Philippe du Janerand y donne une lecture/concept basée sur le voyage « initiatique » des Beatles en Indes avant la création de l’album « Sgt pepper’s lonely hearts club band »… relecture fantasmée d’un fan inconditionnel… A la Guinguette de Tours sur Loire il y a foule ; j’arrive dans le set de Seven Heaven, sorte de növojazz tendu comme un nerf sciatique, support aux emphases de tribun d’un chanteur charismatique et barbu : pas banal !!
Padawin à la suite s’impose comme l’un des groupes les plus importants de la région, le mélange abouti entre musique classique, électro, jazz et rock progressif ; le set est furieux, les surprises nombreuses, Adam au chant, puis une quinzaine de cuivres et choristes pour un final très « extended »; on pense à Ez3kiel mais aussi à Jean-Luc Ponty tant les solos de la violoniste posent leur structure dans les nuages… Au Temps Machine Pierre & Bastien de Orléans balance une sorte de grungerie fortement portée sur la simplicité mélodique, dommage je comprends rien aux textes ; suit Delacave, un duo néoeighties porté sur le répétitif et le dark : j’adore le son de basse mais tout reste dans la nostalgie d’un temps bien lointain désormais : leur deuxième titre est séducteur à mort… Place Paul Bert, c’est la 10éme édition du festival Carrefour des Peuples. J’y arrive pour le concert du groupe culte The Ex et tombe à pied joint dans le no wave épileptique des 4 hollandais (volants) empreint de Père Ubu et de Captain Beefheart ; c’est blindé et ça bouge : mon pote le photographe Francis Blot manque de finir écrasé entre les retours de scène et les pogoteurs excités. Sans pitié je trouve ça drôle : ben oué, un peu punk dans l’âme !!!
A la galerie La queue de l’âne rue Colbert, je me régale au spectacle des sculptures de Rémou : ses escargots, ses girafes et ses éléphants ont l’air d’avoir subi la mutation génétique… Rien à voir avec Accordance à la Chapelle Sainte Anne, une expo de livres pauvres où Roselyne Guittier emporte la mise avec une installation interactive belle et inédite. Beaux travaux aussi de Dominique Spiesser et Francoise Roullier, l’un dans la mise en scène graphique, l’autre dans l’utilisation d’une matière optimisée au service d’une nouvelle ligne…. Au soir les résultats des élections plombent l’ambiance, alors j’écoute les chansons les plus naïves de Brigitte Bardot, car Moi je joue.
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