Portrait de Hayman Alkhameesi, 23 ans, réfugié irakien
Publié le 25-05-2023 07:39:03 Modifié le 23-05-2023 10:41:40
Hayman Alkhameesi devait émigrer en Australie. Il est arrivé à Tours en 2019. Voici le récit de son périple, tel qu’il l’a raconté lors d’une conférence de presse organisée au lycée Grandmont la semaine dernière.
Ce qui lui manque le plus ? « Mon ami Rani. Et aussi les beignets d’aubergine et les falafels », sourit Hayman Alkhameesi, 23 ans, qui a quitté l’Irak il y a 8 ans, venu raconter son parcours devant des lycéens de première à Grandmont le 15 mai.
Son père, bijoutier, avait déjà cette idée d’exil en tête : il avait été visé par trois tentatives de meurtre par le passé. Mais le déclic est venu de la situation de sa fille, Alana, la sœur ainée d’Hayman. « Elle subissait de plus en plus d’agressions sexuelles dans la rue », dit-il.
Peu avant son départ, Hayman vivait un quotidien de lycéen assez classique en filière scientifique : 4 heures de cours le matin, l’après-midi consacré aux devoirs, aux amis et à aider son père à la bijouterie familiale. « Je n’étais pas vraiment content de partir d’Irak », raconte le jeune homme. Le voyage commence en 2015. Direction : la Turquie, l’un des pays d’accueil des réfugiés irakiens, et la petite ville de Corum.
48 h dans un no man’s land
Puis les longues attentes pour les demandes de visa, « d’abord pour l’Australie et les Etats-Unis, où nous avions de la famille », se rappelle Hayman, qui reprend le lycée, mais a du mal à apprendre la langue turque. Finalement, c’est un ami du père immigré en France qui fournit une attestation d’hébergement. La famille Alkhameesi prend un vol pour Paris.
Mais une fois à l’aéroport, le jeune Hayman se rend compte qu’il a perdu son visa. Impossible de franchir la douane pour la France. Sa famille part sans lui. « J’étais perdu. Je suis resté 48 heures à l’aéroport d’Istanbul ; j’ai dormi dans les salles d’attente de la zone internationale avant de devoir retourner en Irak », raconte-t-il.
Quatre mois après, il obtient un nouveau visa français. Une fois le document en poche et un billet d’avion passant par le Qatar, il arrive en France. « A l’aéroport ma famille m’attendait. Tout le monde pleurait », se souvient Hayman. Le jeune Irakien intègre une classe de FLE (Français langue étrangère) au lycée Notre Dame La Riche, « où j’ai rencontré des Iraniens, un Allemand, et une prof formidable, Mme Pajot, qui m’a beaucoup aidé », raconte-t-il.
Aujourd’hui, la famille Alkhameesi tente de s’intégrer. La mère prend des cours de français. Le père a laissé derrière lui ses espoirs de redevenir bijoutier. Un temps livreur pour Uber Eats, Hayman s’est lancé dans des études de gestion au lycée Balzac, à Tours. « J’aimerais créer ma propre entreprise, ne dépendre de personne », lance-t-il.
L’Irak lui manque, notamment son meilleur ami, Rani, mais aussi les falafels, les beignets d’aubergine et les baklavas que l’on mange dans la rue. Mais la vie à Tours lui plait. « Tout est calme, les gens sourient, je ne veux pas repartir, je veux juste vivre », conclut-il.
Léonard Martin-Antoine Bassaler
La Fabrique de l’info
L’Éducation aux médias et à l’information (EMI) intègre désormais les programmes scolaires. Au lycée Grandmont, une classe de première, en spécialité Sciences politiques, a invité une réfugiée ukrainienne à témoigner lors d’une conférence de presse début mai. L’un des articles est publié dans nos colonnes.
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