Pourquoi Tours est-elle touchée par la pollution ?
Publié le 18-03-2014 11:29:25 Modifié le 18-03-2014 11:29:25
Les indices de pollution ont explosé ces derniers jours. Entretien avec Corinne Robin,ingénieure d’étude en qualité de l’air, pour l’association Lig’air.
Les indices de pollution ont explosé ces derniers jours. Corinne Robin est ingénieure d’étude en qualité de l’air, pour l’association Lig’air.
Depuis la semaine dernière, vous avez enregistré des indices de pollution élevés, mais il s’agit de quoi précisément ?
C’est le taux de particules qui est très élevé. On appelle ça communément de la poussière. Il s’agit en fait de particules microscopiques de l’ordre de 10 micromètres. On dit PM 10. Les relevés dépassent les 80 mg/m3, à ce moment-là nous déclenchons l’alerte à la préfecture.
En quoi consiste cette alerte ?
Nous avons un outil de mesure qui nous appelons ATMO. Tout le monde peut d’ailleurs le consulter sur notre site web. Il va de 1 à 10. Ces derniers jours, nous avons atteint, à certains moments, le niveau 10, qui présente un danger pour les personnes fragiles, notamment d’un point de vue respiratoire. Nous leur conseillons alors de ne pas trop sortir de chez elles, d’éviter de faire des activités qui demandent un effort et bien suivre leur traitement si elles en ont.
Cette fameuse PM10, pourquoi est-elle dangereuse pour la santé ?
Ces particules proviennent par exemple des pesticides, du chauffage à bois, des véhicules. Plus elles sont petites, plus elles pénètrent profondément dans les voies respiratoires. Quand elles sont assez grosses, notre corps possède des filtres pour les stopper. En revanche, quand elles font 10 micromètres, voire 2,5 micromètres, l’irritation qu’elles provoquent peut être dangereuse. D’autant qu’elles sont souvent porteuses de métaux lourds comme le plomb et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, très toxiques.
Pourquoi Tours et son agglomération sont-elles touchées par cette forte pollution ?
Nous assistons en ce moment à un phénomène d’inversion des températures, le sol devient plus froid qu’en altitude, ce qui ne permet pas aux masses d’air de s’élever. La pollution stagne en quelque sorte. A cela s’ajoute une production de pollution locale, avec beaucoup d’épandage agricole en ce moment. Ce phénomène n’est pas rare à cette période, cela plusieurs années que nous l’observons. Seulement, il est particulièrement intense. Jusqu’à maintenant, nous avions eu de la chance. L’hiver a été humide. Le vent et la pluie, ce n’est pas forcément bon pour le morale, en revanche, c’est efficace contre la pollution.
Est-ce que ce phénomène de forte pollution est-il seulement local ?
Non, c’est un phénomène national. Nous sommes en relation avec les autres associations en charge de la mesure de la qualité de l’air. Nous avons constaté l’apparition d’un panache de pollution qui est arrivé par le nord-est de la France et qui se déplace, touchant la région Centre. A chaque fois, il se mélange à la pollution locale, stagne et fait augmenter les niveaux. Il faut attendre un anticyclone pour que la situation change.
Propos recueillis par Benoît Renaudin
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