Sport et haut-niveau tuent la jeunesse ?
Publié le 26-04-2012 10:20:44 Modifié le 26-04-2012 10:20:44
Enquête sur la jeunesse tourangelle qui pratique un sport de haut-niveau.
Au bout de la piste de saut, il y a la queue. Margot*, 11 ans, hésite à s’élancer. Marc Chirilcenco, l’un des entraîneurs du club de gymnastique d’Avoine, a placé des barres en métal pour l’obliger à allonger ses foulées. Lucie, 13 ans, tente de rassurer sa copine. « Calme-toi, ne stresse pas. Tu vas y arriver. Moi, j’adore ! » Gymnaste depuis ses quatre ans, Lucie a vaincu ce type de peur depuis bien longtemps. Elle consulte régulièrement un relaxologue pour mieux gérer son stress en compétition.
Aujourd’hui, Lucie fait partie des gymnastes françaises en devenir. « Je m’entraîne pour les JO, mais si je vais déjà aux champion-nats d’Europe ou du monde, je serais satisfaite. » Pour y arriver, elle s’entraîne 28 heures par semaine. Au collège d’Avoine, comme tous les jeunes sportifs de haut niveau, elle a des horaires aménagés. Elle finit les cours chaque jour à 15 heures pour ensuite filer au gymnase et enchaîner avec ses cinq heures d’entraînement. Sans compter les compétitions le week-end.
Prendre de la hauteur
Heureusement, ce n’est pas le cas de tous les jeunes sportifs de haut niveau. Certains arrivent quand même à prendre un minimum de recul. Bernard Blaquart est directeur du nouveau centre de formation du Tours Football club. Il entraîne aussi les U19, une équipe composée d’adolescents de 17 et 18 ans. « Vous voyez ces trois-là, ils sont en terminale S, explique-t-il au bord du terrain. Ils se tirent la bourre au football comme en cours. C’est à celui qui décrochera la mention très bien ! Je les encourage tous à avoir une bonne formation au cas où ça ne marche pas. » Il faut dire que la compétition est élevée. Surtout en football. Chaque année, le TFC intègre dix prétendants à son centre de formation. Pendant cinq ans, un joueur peut se faire congédier à n’importe quel moment. à la fin, seuls un ou deux accéderont aux bancs de l’équipe professionnelle.
Mais alors, et ceux qui n’ont pas le niveau ? Réponse avec Emmanuel Caquet, entraîneur au Pôle espoir de Basket de Tours : « La plupart continuent à vivre leur passion dans un petit club à côté de leurs études. Même s’ils n’atteindront jamais la Pro A, ils arrivent à gagner 1 000 ou 1 500 € dans une équipe de Nationale. Le problème, pour ceux-là, c’est qu’ils arrêtent souvent d’aller en cours et se retrouvent à 25 ans sans formation ni travail. » Joey Coulon, 17 ans, a été brutalement stoppé dans son ascension au centre de formation du TFC qu’il a été obligé de quitter (voir ci-contre). Blessé au genou, il a été arrêté pendant un an. Il se rappelle les pa-rents qui, dès 10 ans, veulent que leurs enfants soient repérés. Plus le niveau augmente et « plus, les barrières de l’amitié tombent ». Malgré tout, Joey Coulon, va tenter, cet été, les sélections pour intégrer l’équipe des Chamois niortais. Depuis tout petit il baigne dans cette ambiance compétitive où il faut avoir « la rage » pour y arriver. « Jusqu’à mes 20 ans, je vais tout tenter pour rentrer dans un grand club, explique-t-il des étoiles dans les yeux. Pour y arriver, il faut aimer la concurrence, se dépasser, courir jusqu’à l’évanouissement. Moi, j’adore ça. » * Son prénom a été changé.
Lire l’interview de Peter Ziedler, l’entraîneur de l’équipe pro du Tours Football Club.
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