Stephen King : le roi de la flippe

Publié le 29-01-2020 10:44:45 Modifié le 29-01-2020 15:04:18 Par Aurélien Germain

Il est le maître du fantastique depuis près d’un demi-siècle. À l’occasion de la sortie de son nouveau roman le 29 janvier (qu’on a pu lire en avant-première pour vous en parler dès à présent !), tmv revient en quelques anecdotes sur Stephen King, 72 ans, toutes ses dents et toujours aussi terrifiant.

Carrie : de la poubelle… au succès !

1972. Stephen Edwin King n’a que 25 ans. Diplômé de l’université, marié, jeune papa, il n’a qu’une idée en tête : devenir écrivain. À ses côtés, sa femme Tabitha. La petite famille a du mal à joindre les deux bouts. King est loin d’être un roi, il envoie des dizaines d’écrits, mais les éditeurs brisent ses rêves et envoient tout valser.

Les mois passent dans cet appartement miteux et Stephen King entreprend la rédaction de Carrie, l’histoire d’une ado souffre-douleur dotée de pouvoirs de télékinésie sur fond de maman bigote un tantinet fanatique. Doutant de leur qualité, Stephen King jette les 3 premières pages à la poubelle ! Son épouse récupère son manuscrit, le lit. Une révélation.

Carrie sera adapté au cinéma par Brian de Palma, avec le succès que l’on sait…

Tabitha prend soin de nettoyer les mégots de cigarette qui salissent le futur best-seller. Et encourage son mari à continuer. La suite appartient à l’histoire : le livre est envoyé à Doubleday, l’éditeur accepte, l’avance sur les droits est ridicule… mais quelques mois après, les droits en livre de poche sont vendus. Stephen King, au téléphone avec son éditeur, entend la somme de 4 000 dollars. Mais non. Il s’agit bien de 400 000 $. « Mes jambes ont flanché, je me suis assis par terre », racontera plus tard l’auteur, lors d’un passage à Paris en 2013. « Je voulais acheter un cadeau à ma femme, parce que c’est elle qui avait sauvé ce livre. »
Mais en ce dimanche, seul le drugstore est ouvert. « Du coup, je lui ai pris un sèche-cheveux ! (rires) »

Drogues, alcool et mauvais souvenirs

Stephen King naît le 21 septembre 1947. Deux ans après, son père quitte le domicile… et ne reviendra jamais. À 4 ans, King voit un de ses amis se faire écraser par un train sous ses yeux. Son enfance, il la passe « souvent malheureux et différent », comme il le raconte dans un entretien à Playboy.

Il est gros, pas très agile. Le sport à l’école est une plaie. À l’adolescence, il sent en lui « de la violence, comme si je voulais m’en prendre au monde ». Une rage qu’il contient tandis qu’il griffonne ses premiers écrits, admirateur de Lovecraft.

Mais avec ses premiers succès viendra la déchéance. Ses addictions l’attendent tapies dans l’ombre comme le croque-mitaine : dans les années 60, King carbure au LSD, au peyotl et à la mescaline. Les trips s’enchaînent. Plus tard, il plonge dans la picole. Beaucoup. Et dans la drogue. Beaucoup. L’auteur carbure à la coke (Misery n’est-il pas un livre sur la cocaïne ?). Tapisse le tout avec des médocs. Tout ça, en cachette et pendant huit ans, au point de ne pas se rappeler certains de ses livres. C’est une nouvelle fois sa femme qui le tirera de là et le forcera à tout arrêter.

Mais de quoi a peur Stephen King ?

Stephen King, digne héritier d’Edgar Allan Poe et influencé par Richard Matheson, est un auteur terrifiant. Avec ses intrigues bien ficelées, son sens du détail, de la description (il suffit de lire un huis-clos comme Jessie), des personnages ultra-travaillés, il EST un conteur. L’auteur révèle aussi les peurs et les névroses contemporaines.

Mais le King de la flippe a-t-il la trouille de quelque chose ? « Je ne peux pas dormir sans qu’une lumière soit allumée dans la chambre », a-t-il confié. Oui on sait, ça brise le mythe. Terrifié par l’avion et les choses qui rampent, l’écrivain triskaïdékaphobe est également peu à l’aise avec le chiffre 13. Mais pire que tout ? C’est de la retraite ou de perdre la boule que King a le plus peur !


L’INSTITUT : CHRONIQUE DU NOUVEAU ROMAN DE STEPHEN KING

« Bienvenue à l’Institut. Quand les enfants y entrent, ils n’en sortent plus. »
Dans son nouveau roman – à paraître le 29 janvier (éditions Albin Michel) – le lecteur suit Luke, un jeune surdoué kidnappé chez lui par des intrus. Il se réveille à l’Institut, dans une chambre qui ressemble à la sienne… mais qui ne l’est pas du tout. Dans cet établissement, se trouvent d’autres enfants dotés de pouvoirs de télékinésie ou de télépathie. Toute la journée, ils passent des batteries de tests horribles et peuvent gagner des jetons pour se nourrir. La directrice, en attendant, ne cesse de leur promettre qu’ils rentreront bientôt chez eux. Sauf que personne n’a réussi à s’échapper d’ici…

Avec son récit mastoc, Stephen King réunit tous ses thèmes de prédilection en une sorte de best of convoquant tour à tour Charlie ou Ça : il y a cette trame chorale avec des gamins bien particuliers toujours aussi attachants, leur amitié, il y a son obsession de la télékinésie, du paranormal plongé dans le normal, il y a cette méfiance du gouvernement et cette peur de l’injustice.

Au total, 608 pages qui, comme d’habitude, prennent à la gorge. King possède toujours cet art de la description, du récit. Il conte et raconte. Ses monstres à lui sont les adultes. Ce n’est pas de l’horreur bête et méchante, c’est du stress que King nous inflige en intraveineuse, comme à ses petits personnages. L’Institut ne constitue pas un livre-révolution en soi, loin de là, mais un bon cru, à mettre en parallèle avec le contexte actuel et politique des États-Unis…


Dossier réalisé par Aurélien Germain, à retrouver en intégralité dans le numéro 362 de tmv (à télécharger sur tmvtours.fr)

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