Une vie française
Publié le 29-01-2014 07:33:32 Modifié le 29-01-2014 07:33:32
Portrait de Djanbek, naturalisé Français en 2010, mais pas que...
Discret, Djanbek Iskak Ulu lave les vitres dans les entreprises tourangelles. Il ne fait pas beaucoup de bruit. Évite de faire des vagues. Son accent hésitant lui vient d’Ouzbékistan. À l’aide de périphrase, il parle de travail, de sa chance de vivre en France, de son intégration par l’effort. Il a obtenu sa nationalité française en 2010. « C’était un 1er avril, j’étais dans la salle d’attente du médecin, se souvient-il avec un sourire. Mon fils m’appelle et me dit : “ papa, on est Français ! ” J’ai cru à une blague. Dès que je suis aperçu de ce qu’il disait, je suis devenu tout blanc, mon cœur battait très fort. Je suis sorti, j’ai pris une bouffée d’air. J’ai beaucoup pleuré.»
L’incroyable histoire de Djanbek
Djanbek Iskak Ulu est arrivé en France comme réfugié politique. « J’étais professeur d’histoire à l’université de Tachkent. » Un jour, il reçoit l’appel d’un ami dans la police : il doit partir, tout quitter, franchir la frontière pour le Kazakhstan sinon, direction la prison. Il ne veut pas rentrer dans les détails, parle de corruption et d’une personne mal attentionnée. En quelques heures sa vie bascule. Une fois sauvé, il cherche à faire partir sa femme, sa fille, son fils. L’ambassade de France est la seule a lui donner le feu vert pour un visa. Lui reste. Il les rejoindra quelques mois plus tard. Commence alors un deuxième périple, qui l ’emmène en Pologne. Sans argent, il fait de l’auto- stop, marche pendant des kilomètres. Il tombe sur un homme, Adam, qui le conduit à Berlin. Il lui offre sa montre en dédommagement. Dans la capitale allemande, il se rend dans un café turc. Djanbek Iskak Ulu parle un peu la langue. Sa gentillesse a dû l’aider. L’entraide se met en place. Un habitué lui paye le billet de bus jusqu’à Paris, où la famille l’attend. Il le rembourse quelques mois plus tard. « J’ai mis des années à me remettre de ce traumatisme. C’est par le travail que je me suis guéri, grâce à ma famille. » Il parle volontiers de cette histoire d’exil. Mais elle ne le définit pas. Son sourire revient enfin quand il parle de sa grande fille, de son fils. Fier, il décrit leurs études avec bonheur. « Ils discutent en français entre eux, comme tout le monde. » Sa femme aussi, une ancienne professeur de mathématiques et leur plus jeune fils, né en France il y a neuf ans. Djanbek Iskak Ulu a voté aux dernières élections. Il ne dit pas pour qui mais se dit socialiste. « Le communisme nous a fait trop de mal en Ouzbékistan. Là-bas, il n’y a que le mafia, la corruption. En France, c’est une chance, la démocratie. »
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