Wazashirt : changer de poche comme de chemise
Publié le 25-03-2016 11:02:53 Modifié le 05-04-2019 16:36:55
Thomas Dargaisse, 25 ans, change de poche comme de chemise. Car c’est lui qui a créé Wazashirt, le concept des pockets interchangeables. La marque soufflera sa première bougie le 1er avril.
Créer des poches amovibles, il fallait y penser ! Comment est venue l’idée ?
J’ai fait mon stage de fin d’études dans une agence de mode à Bangkok. C’est là que j’ai découvert le monde du textile, qui m’était complètement inconnu. Pendant mon stage, j’ai décidé de monter un site de e-commerce pour vendre des t-shirts de designers que j’avais rencontré. Au début, je voulais coudre du tissu, donc des poches ou des formes.
Puis j’en ai parlé avec mon entourage et comme des pochettes cousues, on en voyait déjà partout, on a eu l’idée de faire la première pocket amovible. Le défi était de trouver le moyen de l’enlever sans abîmer le vêtement. Après avoir essayé le scratch, la fermeture éclair et d’autres, je me suis finalement rendu compte que le bouton pression était la meilleure solution.
Quand on a tout juste 24 ans et aucune expérience dans le domaine, comment fait-on pour se lancer dans une telle aventure ?
J’ai été très entouré. Ma mère et mes tantes m’ont aidé à concevoir la poche et à renforcer le vêtement. Mon père est intervenu dans la partie technique de la production. Avec mon frère et mes amis, on a plutôt travaillé sur le design et encore aujourd’hui, les motifs sont réalisés par des amis graphistes – je fais d’ailleurs un appel du pied à ceux qui voudraient se lancer dans la pocket ! Et ma couturière actuelle, c’est quelqu’un que je connais bien puisque c’était ma voisine. C’est important pour moi de travailler avec des personnes de confiance, en proximité, pour être flexible et pouvoir échanger rapidement.
La fabrication des pockets est 100% tourangelle donc. Les vêtements sont-ils aussi « made in France » ?
En France, on est très bons pour les chaussettes, les slips, les marinières, mais on ne produit pas forcément du beau t-shirt de qualité. Je suis allé dans plusieurs ateliers de fabrication et j’ai pas vraiment été convaincu. Mon objectif, c’est que les gens reviennent acheter les pockets, donc il faut que les vêtements tiennent un peu plus de trois mois ! Et ça, à l’heure actuelle, les grandes enseignes ne le permettent pas. Le tissu pour les pockets je l’achète donc via un grossiste français et pour les vêtements, je me suis tourné vers American Apparel.
Pourquoi avoir choisi de travailler avec cette marque ?
J’aime beaucoup ce qu’ils font. Je porte uniquement des vêtements basiques et American Apparel a été pionnier dans ce domaine, avant H&M. C’est une marque qui a des valeurs travail importantes. Ils font tout produire à Los Angeles. Par exemple, les bureaux, les machines et le département marketing sont dans le même immeuble.
Ça, c’est hyper important pour moi. Je ne travaillerais pas avec une marque qui a des usines un peu partout dans le monde et qui ne contrôle pas la qualité et ses employés. Donc je les ai contactés, ils ont aimé mon concept et on a commencé un partenariat. Mais on va bientôt aller encore plus loin, puisqu’on va lancer une production en commun, ce qui veut dire que je pourrais choisir les tissus, les couleurs. Et il y aura l’étiquette Wazashirt dessus.
Les États-Unis, c’est un marché à conquérir ?
Oui bien sûr, à terme pourquoi pas, mais je n’ai pas encore les moyens de le faire car pour ça, il faudrait aller s’impliquer physiquement. J’ai déjà réalisé quelques ventes en Amérique du Nord, mais pour l’instant, je ne me sens pas prêt à plier bagages. Je vais commencer par développer les ventes en France, la notoriété de la marque et pourquoi pas embaucher des salariés. Je suis également en train de voir pour mettre quelques modèles dans un magasin à Tours.
On parle souvent de Lille ou de Nantes, mais Tours bénéficie-t-elle d’un écosystème aussi favorable aux créateurs et aux entrepreneurs ?
Oui c’est une ville hyper dynamique, idéalement située entre Paris et Bordeaux. Tous les talents sont réunis à Tours pour réaliser de grandes choses. On a Brassart, Polytech’, l’IUT et quand tout ce petit monde se rencontre, lors du Startup Weekend par exemple, ils font des trucs énormes!