A Tours, plongée dans la pop culture asiatique
Publié le 23-01-2025 13:14:59 Modifié le 21-01-2025 14:15:19
À l’heure où la K-pop déferle sur les ondes radio et les plateformes, les mangas sont toujours en bonne place dans les bibliothèques, et les séries et animés asiatiques se taillent la part du lion sur nos écrans. Et en Touraine, alors ?
Avec près de 27 000 visiteurs en 2024, le Japan Tours Festival (JTF) a fait le plein, et n’en attend pas moins en juin prochain, pour ses dix ans. Pour fêter cela, l’organisateur Alexandre Sztargott donne un petit frère au JTF : le Korean Tours Festival, « qui répond à une demande des visiteurs du JTF, de plus en plus intéressés par la Corée du Sud et sa culture, notamment la K-pop ». Les Tourangeaux seraient-ils donc fans de cultures asiatiques ?
L’ouverture d’un nouveau magasin spécialisé en mangas et culture japonaise rue du Commerce semble le prouver. À deux pas d’Azu Manga, on trouve en effet Tsuneko depuis juin dernier. À la caisse, une grand-mère et ses petits enfants achètent des figurines, tandis qu’un couple choisit un manga pour offrir à un ami.
Après avoir résisté à la tentation de jouer avec un sabre (l’écriteau « Ne pas toucher » nous l’interdit), nous voici avec la gérante Marion, qui connaît bien ses rayons : « Il y a les mangas bien sûr, japonais, mais aussi les manhua, leur équivalent chinois. » Certains volumes coréens ont quant à eux été transposés de la plateforme en ligne Webtoon, pour être publiés en couleur et en sens de lecture occidentale. Les spécialistes savent faire la différence parmi tout cela, dans ces librairies comme dans les bibliothèques.
Mangas à la bibli : 2 800 volumes jeunesse et 2 270 en section adulte
À la Bibliothèque Centrale, Malou le constate au rayon jeunesse : les ados attendent les nouvelles sorties, et les mangas sont les ouvrages les plus empruntés dans cette section, devant les BD (et les albums pour les plus jeunes). Avec 2 800 volumes côté jeunesse et 2 270 en section adulte rien qu’à la Centrale, le manga a la cote. Rien d’étonnant puisque la France est le deuxième pays consommateur de ces BD japonaises, après le Japon mais avant les États-Unis. Une profusion qui pourrait devenir périlleuse pour les amateurs du genre : « Il y a de plus en plus de nouvelles séries, on va manquer de place ! » Le célèbre One Piece a par exemple dépassé les cents tomes.
Pas un problème cependant pour la bibliothécaire, séduite par « ce côté “ histoire au long cours ” (je suis aussi fan de séries). Il faut parfois défendre cette lecture auprès des parents qui pensent que ce ne sont pas de vrais livres. C’est une lecture exigeante, avec un rythme soutenu, un découpage des images non linéaire ». Depuis Death Note ou Fullmetal Alchemist qu’elle avait découverts au collège, la jeune femme ne se lasse pas de dévorer ces volumes qui lui « ouvrent aussi une porte sur la culture japonaise, les codes sociaux, les traditions, ou quelques mots japonais ».
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L’adolescence, creuset de nos passions d’aujourd’hui ? Les huit danseuses du collectif tourangeau Capycrew, aujourd’hui âgées de dix-neuf à vingt-neuf ans, sont passionnées depuis le collège ou le lycée par la K-pop. Entre musiques rythmées et vidéoclips originaux (MV dans le jargon, pour music video), elles suivent l’actu de ce genre musical et en reprennent les chorégraphies. « En 2011 c’était honteux d’écouter de la K-pop. Aujourd’hui, c’est tendance ! » Comme le groupe Coldplay a sorti un duo avec les Coréens de BTS, on ne peut pas dire le contraire !
Mais les équations « fan de manga = fan de culture japonaise » et « amateur de K-pop = connaisseur de la culture coréenne » sont-elles valables ? Philippe, qui a vécu quinze ans à Tokyo avant de s’installer en Touraine avec son épouse Sachiko, confesse lui-même « avoir tout juste gratté la surface de la culture japonaise ». À la tête de Yoïsho où ils nous proposent de déguster des Onigiri, un encas quotidien au pays du Soleil Levant, il nous apprend que le sushi, là-bas, ce n’est qu’une fois de temps en temps !
Marie-Aude Ravet, voyageuse et danseuse passionnée par les questions d’interculturalité, nous rappelle aussi que les nems sont vietnamiens, le bo-bun un plat à base de bœuf, et que la gastronomie chinoise se décline en mille et un plats régionaux. « Il existe finalement très peu de propositions gastronomiques 100 % authentiques à Tours, car les gérants s’adaptent aux goûts occidentaux et à ce qui marche. » On n’arrêtera pas les nems au resto chinois ni le porte-clé HelloKitty pour autant, mais maintenant on sait que c’est surtout parce que ça nous plaît.
Emilie Mendonça / Photo ouverture : archives NR – Julien Pruvost