Chroniques culture : complotistes en comics, Machine Head, le chaos de Woodstock et le coin BD
Publié le 16-09-2022 06:33:11 Modifié le 13-09-2022 10:43:53
Cette semaine, on a adoré le tome 2 de Department of truth, comics renversant, sans oublier un paquet d'autres BD dont celle de Véropée revisitant les Fables de La Fontaine. Pour le reste, on se nettoie les esgourdes avec le nouvel album de Machine Head et on fait un voyage dans le temps avec Woodstock 99 !
LE COMICS
DEPARTMENT OF TRUTH – TOME 2
On l’attendait de pied ferme, ce tome 2 ! (lire ICI) Pour cette suite, James Tynion IV et Martin Simmonds transforment l’essai, et de nouveau avec brio. Plongée infernale dans les thèses complotistes, Department of truth confirme son intelligence folle en balançant son lecteur à la frontière de la paranoïa.
On y retrouve le personnage Cole Turner, intégré au Département de la Vérité, assailli par le doute au fur et à mesure que les tulpas – ces formes tangibles créées par les sphères complotistes – s’incarnent dans le monde réel. Brillamment raconté, toujours emmené par un trait et un graphisme époustouflants, ce volume 2 pousse les curseurs encore plus loin, incorpore une dose d’ésotérisme, brouille les pistes et retourne la tête.
Un comics audacieux, compliqué, mais terriblement génial.
Aurélien Germain
LE DISQUE
MACHINE HEAD – ØF KINGDØM AND CRØWN
On appelle ça un retour en force… Machine Head revient ici par la grande porte, après un « Catharsis » plus que moyen. Cette fois, avec « Øf Kingdøm And Crøwn », la troupe à Robb Flynn distribue les mandales par paquet de douze.
Retour aux fondamentaux avec un morceau à tiroir pour débuter (l’excellent « Slaughter the martyr » et ses 10 minutes au compteur) et une tripotée de pépites thrashy et groovy à souhait (au hasard, la tempête sonore « Becøme The Firestørm » qui ne laisse pas indemne).
Grondant de colère, rageur et épique, ce disque sait toutefois se montrer nuancé et tout en maîtrise. Du metal musclé et costaud comme pas deux : Machine Head is back !
A.G.
À (RE)VOIR
CHAOS D’ANTHOLOGIE : WOODSTOCK 99
Mi-juillet, Netflix profitait de la torpeur estivale pour raviver les souvenirs de Woodstock 99, édition maudite du festival mythique. Au menu de ce qui se voulait un prolongement des belles années hippie (mortes, soit dit en passant, dès ‘69 avec la Manson Family) ? Chaleur écrasante, eau à 4 $, insalubrité, foule surexcitée voire quasi camée, agressions sexuelles, incendies et émeutes.
Le docu, signé Jamie Crawford, retrace en 3 épisodes comment le festival a viré au drame et s’est auto-dézingué (la cupidité édifiante de John Scher) en préférant la « money » au « flower power ». Un retour dans le temps passionnant ; idéal aussi pour revoir les prestations d’un KoRn au sommet de sa gloire, des Red Hot à poil et survoltés ou d’un Limp Bizkit apocalyptique.
A.G
LE COIN BD
LE RENARD, LE CORBEAU & TOUS LEURS POTOS
Impossible de faire comprendre un traître mot des Fables de La Fontaine à votre petit Jean- Eudes ? Cet ouvrage devrait vous aider ! Dans « Le Renard, le corbeau & tous leurs potos » (éd. La Boîte à Bulles), la Tourangelle Véropée revisite l’œuvre de La Fontaine avec humour et en la traduisant à coup de verlan, d’expressions d’aujourd’hui et autres anglicismes.
On y retrouve ainsi, par exemple, un corbeau qui parle de son « boss qui va faire un bide avec ses idées toutes claquées », tandis que le renard, opportuniste et machiavélique, le flatte un poil trop, vu que « dans l’vrai biz, pas d’pitié ». Une BD mignonne, maline, qui a également la bonne idée d’y incorporer les fables originelles.
A.G
LA SELECTION DE LA SEMAINE
« L’Homme à la tête de lion » (éditions Sarbacane) est la nouvelle pépite de Xavier Coste, avec cette histoire située dans le monde des bêtes de foire, de ces monstre chers à Ted Browning et son « Freaks ». Un récit âpre et prenant sur 208 pages.
Autre récit envoûtant, la nouvelle aventure de Corto Maltese, « Nocturnes Berlinois » (Casterman), démontrant une fois de plus le talent de Pellejero et Canalès. Se fondant dans l’univers de Pratt, en gardant leur propre identité, ils nous transportent dans un Berlin en 1924 au bord du gouffre.
L’intérêt ne faiblit pas non plus avec le T12 de Châteaux Bordeaux « Le Sommelier » (Glénat) où le scénario de Corbeyran et le dessin de Espé enchantent. Résultat ? Un polar viticole, une saga familiale et un thriller captivant.
Quelle sacrée découverte, cet Arthur Levrard ! L’auteur nous fait tordre de rire à chaque page avec ce « Brouhaha » (Delcourt) proprement infernal. Pas de limites pour ce nouveau prince de l’humour pince-sans-rire !
Enfin, on salue le génial mais trop méconnu Jean-Claude Gotting qui revient avec ce « Version originale » (Vertiges Graphiques). Dans un jeu graphique subtil, il partage son amour du cinéma à travers un dispositif de lecture bluffant, entre réalité et fantasmes.
Hervé Bourit