Chroniques Culture : le rock planant de Monkey3 et le plein de BD
Publié le 26-03-2024 14:56:08 Modifié le 19-03-2024 11:03:31
Le coin musique
MONKEY3 – WELCOME TO THE MACHINE
Et de sept albums pour le groupe suisse de rock et stoner instrumental, Monkey3 ! S’inspirant de films comme 2001, l’Odyssée de l’Espace, Solaris et Matrix, « Welcome to the machine » raconte l’histoire d’une intelligence artificielle qui a réduit l’humanité à l’esclavage. Et l’embarquement dans ce récit pourtant sans paroles est immédiat.
L’allumage se fait sur une dizaine de minutes, via « Ignition », un titre d’ouverture de toute beauté, transpercé par solo quasi orgasmique et cosmique qui nous propulse dans l’espace.
Le reste de l’album est à l’avenant. Monkey3 joue sur les ambiances, se veut planant, parfois éthéré, parfois plus explosif (« Collision » et son envolée finale) . Mais reste toujours aérien, en témoigne notamment l’ultime morceau, « Collapse » et ses accents à la Pink Floyd.
Le voyage continue titre après titre et le groupe arrive miraculeusement à nous projeter des images mentales, sans même prononcer un mot (fermez les yeux en écoutant, vous verrez). Un disque qui, pour se comprendre en profondeur, doit impérativement s’écouter dans son intégralité, vraiment en une fois. Car le voyage musical est ici étourdissant.
Aurélien Germain
Le coin lecture
Plongée dans le monde des comics avec « Pussey ! »
Bienvenue dans le petit monde des comics américains ! Ou du moins… l’envers du décor. Car c’est bien cela que décrit Daniel Clowes dans ce très piquant « Pussey ! », paru aux éditions Delcourt qui rééditent ses albums pour le marché français.
Popularisé par Ghost World, auréolé du prestigieux Fauve d’or à Angoulême en 2024, l’artiste dézingue ici l’industrie de la BD à travers une satire acerbe, portée par son anti-héros Dan Pussey, véritable alter-ego de l’auteur. Il dépeint les travers et montre un aperçu presque pathétique et peu reluisant du monde des comics, égratignant au passage collègues, éditeurs et fans (tout le monde en prend pour son grade). Une farce cruelle et diablement caustique.
A. G.
LA SÉLECTION BD
Ancêtre des luttes sociales pour la défense de l’environnement, on a peine à rendre compte de ce que fut ce mouvement dans les années 1970… Pierre-Marie Terral et Sébastien Verdier nous racontent donc « Larzac » (éd. Dargaud), la belle histoire d’une résistance paysanne toujours d’actualité.
Avec « Au pied des étoiles » (Futuropolis), le duo Baudoin et Lepage évoque un voyage au Chili dans le désert d’Atacama, un des plus beaux sites astronomiques du monde. Un ouvrage magnifique sur la vie, l’amour, l’amitié et le temps qui passe sous les étoiles.
Plus de duo, mais un quintet : Lapière, Jakupi, Torrents, Pardo, Pellejero pour « Barcelona, âme noire » (Dupuis), un récit mêlant polar et drame entre la fin de la guerre d’Espagne et la mort de Franco. Le tout, raconté par ces auteurs qui transpirent d’amour pour leur ville.
Avec « Les 100 derniers jours d’Hitler » (Delcourt), Pécau, Mavrik et Andronik retracent le dispositif d’agenda basé sur des faits historiques jamais anecdotiques, toujours glaçants, qui démontrent l’effrayant mécanisme du nazisme.
Après la lecture de « Sang Neuf » (Casterman), de Jean-Christophe Chauzy, on dit juste notre amour à cet auteur. Car son combat contre la myélofibrose est une leçon de vie, joliment racontée dans cet ouvrage sensible et bouleversant.
Hervé Bourit