Dans sa carrosserie automobile, Jessica Descoubes, une cheffe d'entreprise qui carbure
Publié le 13-03-2025 08:56:36 Modifié le 11-03-2025 15:50:59
#VisMaVille Les droits des femmes et leur place dans la société ? Ce n’est pas que le 8 mars que Jessica Descoubes les défend. La cheffe d’entreprise dans le monde de la carrosserie automobile a des valeurs, qu’elle défend au long cours.
Jupe estivale et démarche alerte, la cheffe d’entreprise (d)étonne. Nous sommes en effet dans une carrosserie automobile, Esthetic Auto. Les préjugés pas encore déconstruits s’effritent une fois passée la porte, et la balade dans l’atelier poursuit ce travail de sape. « Nos métiers pâtissent encore d’une vieille image. Aujourd’hui vous ne verrez plus un garagiste couvert de cambouis, et ce qu’on fait est plus varié qu’on ne le pense ! »
Devant l’appareil capable de produire toutes les nuances de couleurs de carrosseries, ou face aux dispositifs de réglage des radars et caméras de recul, Jessica Descoubes est à l’aise pour expliquer qui fait quoi, et comment. « Vous allez voir que les carrossiers utilisent leurs mains pour vérifier que le redressage est parfait, c’est un métier sensoriel. » Carrossier, le métier du plein des sens !
Pourtant, rien ne la prédestinait à devenir entrepreneuse, et encore moins dans l’automobile. Issue d’un milieu modeste, elle n’aurait pas osé se rêver patronne à l’adolescence. Lassée de sa vie de salariée, elle a finalement saisi une opportunité, en l’occurrence, une offre de reprise d’entreprise faite à son mari, pro de la casse et du recyclage auto. « En me passant cette offre, il m’a ouvert la porte. »
Elle a bien dû faire sa place et apprendre sur le tas, « cultiver sa chance » comme elle aime à le dire. Et faire face aux défis du métier, qui évolue sans cesse tant d’un point de vue technologique que du côté environnemental, dans un secteur qu’elle reconnaît « polluant, forcément, mais qu’on essaie de développer de manière intelligente avec le réemploi et l’ancrage local ».
C’est aujourd’hui elle qui tend la main aux autres : « Il faut toujours quelqu’un pour vous ouvrir la porte, vous donner votre chance ! Je le fais, bien sûr pour les femmes encore peu représentées dans l’entrepreneuriat ou le monde automobile, mais aussi pour d’autres. » L’équipe d’Esthetic Auto compte ainsi 25 % de femmes en 2025 (contre moins de 10 % à la reprise, il y a une douzaine d’années). Même pourcentage d’apprentis, pour que ces métiers en tension se renouvellent.
Et les portes se sont aussi ouvertes à de jeunes migrants. Après une première expérience initiée par une association locale, Jessica Descoubes poursuit cette aventure humaine, et ce partage de compétences. Trois Guinéens, un Nigérien, un Turc, un Italien… l’équipe est cosmopolite ! « Bien sûr il y a des inconvénients, ces jeunes sont seuls, ont des difficultés administratives, parlent parfois mal le français. Mais ils sont motivés, et leurs parcours de vie pour arriver jusqu’ici nous remettent à notre place. L’un d’eux est devenu meilleur apprenti de France, c’est la plus belle des leçons et des récompenses. »
Il reste un dernier point à travailler pour cette quadragénaire dynamique : trouver le bon équilibre entre vies pro et perso. Mais entre les cours de danse et le boulot, elle tient le bon bout !
Emilie Mendonça