Fronteras : clandestinité et homosexualité
Publié le 30-08-2016 16:39:33 Modifié le 05-04-2019 16:31:45
Mikel Rueda aborde, avec ce Fronteras, l'immigration clandestine et l'homosexualité... chez les ados. Un film beau, tout simplement.
Il y a dans ce Fronteras une beauté assez étonnante. Un film d’une simplicité extrême, emballé avec la candeur des débuts. Car c’est le premier long-métrage que signe Mikel Rueda. Et de là découle sa force. Fronteras – qui aborde immigration et homosexualité – est certes un peu brouillon. Il souffre aussi, parfois, de son montage trop haché et de quelques maladresses ankylosant le récit. Mais cela n’enlève rien à son charme, à sa pureté.
Tout part de deux histoires. La première sur Ibra, un ado marocain en instance d’expulsion, car déclaré illégal sur le territoire espagnol. La seconde sur Rafa, adolescent lui-aussi, lambda au possible : il sort en boîte, joue à la console, fait du sport. Et puis, les deux récits vont se lier habilement. Vont se croiser, s’entrelacer, jusqu’à s’épouser. Car Ibra et Rafa vont devenir amis. Puis bien plus que ça. L’envie du premier baiser se fait ressentir. L’envie de se cacher aussi.
Parce que des deux côtés il y a pression. Pour Ibra, c’est comme s’il devait obligatoirement vendre de la came pour s’en sortir. Pour Rafa, c’est une bande d’amis qui insiste lourdement pour qu’il embrasse une fille. Mais l’un comme l’autre n’en ont pas envie. Ce sont des codes, des « normes », qu’ils refusent. Avec en toile de fond, le racisme et l’homophobie.
Et ça, Mikel Rueda le raconte avec finesse et grande sensibilité, renforcée par des nombreuses séquences improvisées. Une réussite bien évidemment aussi imputable aux performances extraordinaires des acteurs non-professionnels (le réalisateur souhaitait une certaine authenticité). Notamment les deux personnages principaux, campés par les éblouissants Germán Alcarazu et Adil Koukouh. En fin de compte, de Fronteras naît un cinéma politique et beau. Tout simplement.
Aurélien Germain
Drame/Romance (Espagne), de Mikel Rueda. Durée : 1 h 31. Avec Germán Alcarazu, Adil Koukouh…
NOTE : 3,5/5
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Catégories : Ecrans