Maho XO, artiste dos au mur
Publié le 29-06-2017 07:43:59 Modifié le 05-04-2019 16:39:43
Faire de sa passion d’enfance une reconversion professionnelle, c’est le pari de Mathieu Holbert, alias Maho XO. Son truc à lui ? Dessiner et peindre des motifs géométriques aux origines multiculturelles. Tmv est allé à la rencontre de ce street-artist tourangeau sur son lieu d’expression.
2012. Retour cinq ans en arrière, à l’époque où Mathieu Holbert connaît un tournant dans sa vie. « Je me suis cassé le dos au travail », lance-t-il sèchement. Cet accident l’a immobilisé pendant vingt-quatre mois. Le temps de se préparer à une nouvelle carrière. « J’ai fait en sorte d’éviter les opérations et de limiter les efforts », explique l’intéressé.
Ses missions d’intérim lui ont permis de préserver une relative liberté. « Je gardais la possibilité de rebondir quand je le voulais. » Le déclic est arrivé grâce à un ami, qui l’a motivé à « reprendre le crayon. Depuis, ça ne m’a plus lâché ! » Adolescent, ce sont les BD de Marcel Gotlib qui ont développé sa fibre artistique.
L’homme de 40 ans s’est désormais trouvé un autre terrain de jeu : les ateliers de la Morinerie, à Saint-Pierre-des-Corps. Son mur est situé derrière les imposants bâtiments, au bord d’un champ. Ici, il met en pratique ce qu’il a pu bosser en atelier. Ou pas. Les inspirations lui viennent parfois sur le trajet, à l’image de sa dernière réalisation, « Palmiers ». Une soixantaine d’oeuvres, aux couleurs Pop Art et aux styles aztèques, africains et asiatiques se côtoient, sans compter celles exposées en galeries.
Maho XO (c’est son nom d’artiste) se dit attaché à l’art primitif et aux symboles. « Les icônes existent depuis la nuit des temps, et il y en aura toujours. C’est quelque chose que tout le monde comprend. » Le peintre Paul Klee et les graffeurs Grems et Roa font partie des personnes qui l’ont marqué.
Mais il reste compliqué de le classer. « Je refuse les étiquettes car je ne connais pas les codes de chaque mouvement. » Maho ne se revendique pas muraliste non plus. « Je ne porte pas de revendications politiques. » Finalement, même s’il juge que la définition n’est pas assez claire, il considère que le street art sert de repère à son public. Le Tourangeau apprécie de pouvoir gérer ses horaires en fonction de ses envies. Être son propre patron a également des inconvénients. « L’argent, c’est un problème au départ, avant de parvenir à des solutions, relativise Mathieu Holbert. Le fait de se sentir bien dans ma peau réduit l’importance des sous. Maintenant, je suis davantage heureux ! »
En trois ans d’activité, il ne s’est jamais lassé. Et il remarque une évolution positive autour de son boulot. « Les gens font mieux la distinction entre les tags dans la rue et mes dessins et mes peintures. » Plusieurs organismes ont récemment fait confiance à Maho. Il vient de dessiner un alphabet imaginaire sur les vitres du jardin Botanique.
À découvrir, aussi, sa prestation de live painting (28 juin), dans le cadre de l’exposition consacrée aux Shadoks, à Azay-le-Rideau. Cette curiosité et cette notoriété l’encouragent à se projeter. Il ne se refuse aucun rêve. « Je voudrais faire le tour du monde, histoire de colorer les immeubles des villes. Ce serait un peu un musée à ciel ouvert, en réponse à un monde trop triste. »
Simon Bolle
> Jusqu’au 29 octobre, l’exposition Shadoks pose ses valises à Azay-le-Rideau, salle des Halles (sur la place du 11-Novembre). Du mercredi au dimanche, de 10 h à 19 h. Tarifs : 5 € (plein), 2,50 € (réduit) et gratuit (moins de 10 ans).