Plan d'apaisement de la Ville et mobilités : qu'en pensent les Tourangeaux ?
Publié le 15-05-2024 07:16:25 Modifié le 15-05-2024 10:55:06
Face aux annonces de suppression de places de parking et d’ajouts de voies cyclables, entre autres projets du plan d'apaisement de la Ville, pour les Tourangeaux que nous avons rencontrés, les avis sont divers et variés.
Commençons par une question classique mais essentielle : qui fait quoi ? Le(s) tramway(s) et le réseau de bus, c’est la Métropole. Le réseau cyclable structurant, avec ses 13 itinéraires et 350 km à l’horizon 2028, c’est la Métropole aussi. Le futur réseau ferroviaire en étoile ? La Métropole, encore. La Ville de Tours suit, et relance d’un plan, avec le « plan d’apaisement ».
Son principe ? Faire le lien entre les réseaux développés à l’échelle de la métropole, et apaiser la vie dans les cœurs de quartier. Dans la pratique : diminution du trafic automobile (déporté vers les grands axes), baisse de la vitesse (avec un objectif 30 km/h dans la plupart des zones urbaines), suppression de 600 places de parking, et un accent mis sur les autres types de mobilités avec le bus gratuit jusqu’à 11 ans ou les voies cyclables.
Les chiffres sont là, énoncés par le maire Emmanuel Denis : 1 200 places inoccupées dans les parkings souterrains, bientôt remis à l’honneur avec des panneaux d’information en temps réel ; 30 % de trafic automobile dans Tours qui n’est qu’un trafic de transit pour aller ailleurs ; des dizaines de plaintes quotidiennes de riverains à la Mairie, sur la dangerosité des voitures. Voilà pour le concret.
Ensuite, il y a le ressenti, l’expérience individuelle, et les habitudes. Nicolas, le caviste, tout comme Jérôme, co-gérant du bar le Strapontin, viennent travailler en voiture quartier Châteauneuf-Grand Marché, récemment piétonnisé. Au volant, ils ne sont pas ravis. « Je ne peux pas dépenser 80 € de parking par mois pour travailler, raconte Nicolas, et depuis Saint-Avertin en transports c’est 1 h 30, sans compter mes livraisons, donc impossible pour moi. Moins de places disponibles, ça va compliquer les choses. »
Comme commerçants, le son de cloche est différent. Nicolas raconte que « les clients qui s’arrêtent vite-fait acheter un carton, sur la route du retour, c’est fini. Les achats ont évolué », sans confesser de baisse des ventes cependant. Et Jérôme a gagné en terrasse et en tranquillité ; la rue Châteauneuf à double-sens, trop étroite pour s’y croiser, est enterrée sans regret. Encore faut-il pouvoir accéder au quartier et se garer…
Tentons un pas de côté auprès de Lionel, Tourangeau revenu sur nos terres après huit ans à Lyon, où il a adopté le vélo : « Je vois que les choses ont bougé et qu’il y a plus de voies cyclables qu’avant. Mais ici je prends plus facilement la voiture. Pour deux raisons : il y a moins de bouchons et de difficultés qu’à Lyon, et parce que les itinéraires vélo pour aller hors du centre-ville sont moins pratiques et moins agréables. »
Il habite Febvotte depuis 2023, tandis que Carole s’est installée aux Prébendes en 2021. Pour cette ancienne Parisienne, la difficulté se situe plutôt du côté des transports en commun, avec un réseau insuffisant. Bilan ? Vélo et marche à pied, avec la voiture pour les loisirs en famille. À ces deux néo-Tourangeaux, on met une bonne note en décarbonation et mobilités douces.
Mais pas de voiture hors du centre-ville, est-ce possible ? Lucille vit à Esvres et travaille à Tours centre. Sa solution ? Le bus Rémi. Cinquante minutes de trajet, contre trente en voiture, « mais c’est sans compter le temps de trouver une place gratuite où me garer, finalement c’est la même durée. » Émilie, Esvrienne elle aussi, travaille aux Deux-Lions, et ça change tout : « En transports en commun ? Ça me rajouterait une heure par trajet. Et en plus des bouchons en voiture, il n’y a pas assez de places de parking, comme si le quartier n’avait pas été réfléchi sur la durée. »
Pour notre Parisienne-Tourangelle Carole, « Tours semble être en transition entre le tout-voiture et les mobilités partagées ». Dans le mille ! Mais comment achever la mutation ? Sullivan et Marine y sont parvenus en participant à l’opération Fil Bleu « Un mois sans voiture » en 2021. Forcés de lâcher le volant, le premier a adopté le vélo électrique, devenu son moyen de transport quotidien de Tours Nord à La Riche puis de Velpeau à Saint-Avertin. Et la seconde prend le train et la trottinette pour travailler à Orléans.
Ainsi, l’air de rien, on retombe sur l’éternelle question de tout changement profond de société, comme celui induit par le réchauffement climatique en cours : l’évolution se fera-t-elle volontairement, ou par la contrainte ? En attendant, les travaux, c’est dès maintenant !
Emilie Mendonça