Reportage : Plongée dans la fac de médecine
Publié le 03-10-2012 09:24:47 Modifié le 03-10-2012 09:24:47
La faculté de médecine de Tours fête ses 50 ans. Mais comment on étudie la médecine en 2012 ? Réponse avec des étudiants tourangeaux.
Le flot d’étudiants est impressionnant. Il est 10 h. Les 1re année de médecine sortent des amphithéâtres. La cafétéria est prise d’assaut. Certains sortent prendre l’air vers le jardin botanique. Les mines restent concentrées. « Ils sont vraiment à part. C’est un monde différent la première année qui ne se mélange pas avec nous. » Juliette est en troisième année. Elle fait la visite, même s’il y a « surtout, ici, des bureaux un peu mystérieux. » Passage au sous-sol obligé : c’est l’antre de la Corpo, l’association étudiante qui s’occupe de toutes les soirées et du Ronéo : un système d’entraide qui permet d’avoir les cours même sans y aller. Les portes sont fermées. Amélie attend devant. Elle connaît bien Juliette pour avoir bachoté avec elle en première année.
Salle de dissection
Au bout de quelques minutes, la conversation dévie vers les stages, leur première prise de sang, les cours d’anatomie et de dissection. Justement, en bons guides, les deux étudiantes se dirigent vers le laboratoire où les corps sont disséqués. Première impression : l’odeur. Ça sent le papier d’Arménie en train de brûler : un moyen de cacher la pestilence de la mort et du formol. Juliette se souvient de son premier cours de dissection. « J’ai eu l’impression de garder cette odeur sur moi toute la journée. Mais je n’ai pas tourné de l’œil. Je mettais du baume mentholé sous le nez pour ne pas être gênée. » Amélie, elle, n’est pas encore passée par cette étape. En rentrant dans le laboratoire, son regard se dirige vers le fond de la salle. Un cadavre est posé sur une table. Il est en train d’être disséqué par des internes. La jeune étudiante devra patienter avant d’avoir son propre cours. Les études de médecine sont rythmées par ce type de rites initiatiques indispensables pour devenir un jour professionnel. « Le système est structuré ainsi, continue Philippe Bagros, professeur de néphrologie et de sciences humaines, aujourd’hui à la retraite. Ces rites changent leur manière d’être en profondeur. Le cadavre devient une planche anatomique. La souffrance du patient se transforme en maladie qu’il faut soigner. »
Cafétéria
Rendez-vous, maintenant avec Anthony. Le jeune homme, assis à la cafétéria devant une tasse de café, vient de faire sa rentrée en deuxième année. Il semble à l’aise avec ce nouveau monde. 21 ans et il sait déjà quelle voie il veut prendre. Même s’il se donne la possibilité de changer, ce sera la chirurgie pédiatrique. Est-ce possible de connaître sa vocation aussi jeune ? « J’ai eu un déclic. En terminale, se rappelle Anthony, je passais une formation de secouriste. À l’époque, je m’orientais plus vers une carrière dans l’armée de l’air. Et puis un jour, je conduisais sur la rocade de Tours quand j’ai aperçu des voitures accidentées sur le bord de la route. Je me suis arrêté. Les pompiers n’étaient pas encore arrivés et il y avait un jeune enfant blessé. J’ai pratiqué les techniques que j’avais apprises. Plus tard, les pompiers m’ont dit que ces gestes l’avaient probablement sauvé. Ça m’a beaucoup marqué. » Tous n’ont pas d’idées aussi claires que celles d’Anthony. « Au début de la première année, nous avons un entretien avec chaque étudiant pour savoir pourquoi il veut faire médecine, explique le docteur Philippe Bagros,. Les réponses, en général, sont très conformistes. En réalité, la médecine représente pour eux une carrière intéressante. C’est une réaction normale, surtout dans ces temps de crises. Ils se rassurent en se disant que leur futur sera confortable. » Philippe Bagros, à 80 ans, reste quand même un grand optimiste qui dit avoir « confiance en la faculté ».
Salle de
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