Sandrine Abello, cheffe du Chœur de l'Opéra de Tours : "Il y a autant de musique que d’humain dans mon métier"
Publié le 24-06-2021 08:11:49 Modifié le 22-06-2021 11:01:22
#VisMaVille Sandrine Abello est à la tête du Choeur de l’Opéra de Tours qui compte treize chanteurs permanents. Rencontre avec une mélomane pianiste entraînante par son enthousiasme.
Devant la scène du Grand Théâtre de Tours, elle sautille, s’anime, ses bras donnent le tempo. À l’instar du chef d’orchestre qui dirige les musiciens, la cheffe de chœur dirige les musiciens du chœur.
Nous sommes en pleine répétition du spectacle qui se tiendra le soir même. Les Indes Galantes et Hippolyte et Aricie, de Jean-Philippe Rameau sont au menu. « La couleur est très belle, continuez comme cela, on frôlait la perfection. » En tenue décontractée, jean et baskets blanches, derrière son pupitre, Sandrine Abello, distille ses conseils et derniers réglages aux chanteurs, veillant à l’homogénéité des voix et aux nuances. « Ne forcez pas la voix, tout est dans la souplesse et la tranquillité. Après, il faudra y aller. »
Être cheffe de chœur, c’est comme « un entraîneur sportif. Mon rôle est de préparer musicalement le chœur. Il faut que ce soit nickel pour le concert et quand le chef d’orchestre prendra le relais. » Car le jour J, pour un opéra, Sandrine Abello écoutera dans le public.
Avant cela, de multiples répétitions, selon un rythme rigoureux (deux fois par jour cinq jours par semaine minimum), se déroulent entre les premières répétitions par pupitre (les femmes, les hommes, les aigus, les graves) les scènes-piano, les italiennes, les scènes-orchestre et la générale. La plupart du temps, le chœur travaille entre lui, sans l’orchestre ou les solistes.
Treize chanteurs permanents et un pianiste, Vincent Lansiaux, forment le Chœur du Grand Théâtre de Tours auxquels s’ajoutent parfois des intermittents. Soit un des plus petits effectifs de France mais une équipe soudée que Sandrine Abello dit avoir plaisir à diriger. « On apprend beaucoup avec l’échange humain, il faut savoir écouter. Être cheffe de chœur, c’est du management aussi, ne pas être trop raide. Il y a autant de musique que d’humain dans mon métier. »
La cheffe d’origine nîmoise est arrivée là un peu par hasard. Études de piano, conservatoire, elle s’est mise à accompagner le chœur avec son instrument à Avignon. Au gré des concours, elle est devenue cheffe de chant auprès de solistes puis de chœur à Nantes, à l’Opéra national du Rhin enfin à Tours depuis 2018. « Je ne suis pas chanteuse mais musicienne. Je ne donne donc pas de conseils techniques aux musiciens qui sont des professionnels et maîtrisent leur sujet à la perfection, mais je les guide sur une interprétation. Je veille à la qualité musicale ainsi que scénique lorsque ce sont des opéras. »
Sandrine Abello affectionne particulièrement le répertoire lyrique, les opéras classiques. En dehors de son temps au Grand Théâtre, elle se branche sur du jazz, son autre passion. « Je viens de découvrir Chet Baker, c’est extraordinaire. »
Aurélie Dunouau